Archives octobre 2008

    30 octobre 2008

  • [blog] Time for a change

    Dans cette chaîne d’hôtel, des magazines sont gracieusement mis à disposition de la clientèle, à l’entrée du restaurant, pour “consultation sur place“, sur un présentoir à quatre étages. Quatre étages de Femme Actuelle ou Au féminin, humpf, très peu pour moi. Fouillant un peu, je finis par tomber sur le seul exemplaire différent, un vieux numéro de Challenges, qui date de fin août. L’occasion de s’amuser un peu, prendre un peu de recul pour vérifier ce qu’ils pouvaient dire il y a deux mois :

    Premières pages, l’édito du rédac’chef, un certain Vincent Beaufils qui affirme, experts à l’appui : “le volet financier de la crise est derrière nous”. Ah. Aaaaah. Vraiment ? Hmmmmm, vraiment.

    Et la suite, magnifique : “cette tourmente […] a bien été canalisée : les banques centrales ont joué leur rôle pour contrarier le risque systémique”. Méouibiensûrcéslâââââââââ …

    A lire mes petites considérations purement personnelles, écrites à un moment où le CAC 40 était (encore) à 4.000 points (3400 ce soir …), je me dis que je devrais avoir un avenir pour comprendre “ce que dit l’économie cette semaine”, devise de Challenges ! Dans ces temps de changement, je leur enverrai probablement un curriculum, je ne déteste pas écrire, et suis visiblement plutôt chanceux pour tirer à pile ou face et “faire parler l’économie”.

    Ce soir également, je tombe sur un article autrement plus convaincant, mais c’est normal, de The Economist, journal sérieux, voire austère s’il en est, qui présente l’analyse la plus pertinente que j’ai pu lire jusqu’ici sur la campagne américaine, en voici quelques extraits :

    At the beginning of this election year, there were strong arguments against putting another Republican in the White House. A spell in opposition seemed apt punishment for the incompetence, cronyism and extremism of the Bush presidency. Conservative America also needs to recover its vim. Somehow Ronald Reagan’s party of western individualism and limited government has ended up not just increasing the size of the state but turning it into a tool of southern-fried moralism.

    The selection of Mr McCain as the Republicans’ candidate was a powerful reason to reconsider. Mr McCain has his faults : he is an instinctive politician, quick to judge and with a sharp temper. And his age has long been a concern (how many global companies in distress would bring in a new 72-year-old boss ?). Yet he has bravely taken unpopular positions—for free trade, immigration reform, the surge in Iraq, tackling climate change and campaign-finance reform. A western Republican in the Reagan mould, he has a long record of working with both Democrats and America’s allies.

    That, however, was Senator McCain ; the Candidate McCain of the past six months has too often seemed the victim of political sorcery, his good features magically inverted, his bad ones exaggerated. The fiscal conservative who once tackled Mr Bush over his unaffordable tax cuts now proposes not just to keep the cuts, but to deepen them. The man who denounced the religious right as “agents of intolerance” now embraces theocratic culture warriors. The campaigner against ethanol subsidies (who had a better record on global warming than most Democrats) came out in favour of a petrol-tax holiday. It has not all disappeared : his support for free trade has never wavered. Yet rather than heading towards the centre after he won the nomination, Mr McCain moved to the right.

    […]

    There is no getting around the fact that Mr Obama’s résumé is thin for the world’s biggest job. But the exceptionally assured way in which he has run his campaign is a considerable comfort. It is not just that he has more than held his own against Mr McCain in the debates. A man who started with no money and few supporters has out-thought, out-organised and outfought the two mightiest machines in American politics—the Clintons and the conservative right.

    Political fire, far from rattling Mr Obama, seems to bring out the best in him : the furore about his (admittedly ghastly) preacher prompted one of the most thoughtful speeches of the campaign. On the financial crisis his performance has been as assured as Mr McCain’s has been febrile. He seems a quick learner and has built up an impressive team of advisers, drawing in seasoned hands like Paul Volcker, Robert Rubin and Larry Summers. Of course, Mr Obama will make mistakes ; but this is a man who listens, learns and manages well.

    He has earned it
    So Mr Obama in that respect is a gamble. But the same goes for Mr McCain on at least as many counts, not least the possibility of President Palin. And this cannot be another election where the choice is based merely on fear. In terms of painting a brighter future for America and the world, Mr Obama has produced the more compelling and detailed portrait. He has campaigned with more style, intelligence and discipline than his opponent. Whether he can fulfil his immense potential remains to be seen. But Mr Obama deserves the presidency.

    The Economist : it’s time

    Je veux continuer à croire qu’Obama peut être gagnant, malgré le facteur racial (quoi qu’en dise Guillaume ;-) ), malgré ce baroud d’honneur des républicains qui portent le fer sur la question des armes à feu (pourquoi si tard ?).
    Parce que “ça ne peut être une nouvelle élection où le choix est basé sur la seule peur. Et sur la description d’un meilleur futur pour les Etats Unis et le monde, Barack Obama a dépeint le portrait le plus attirant et le plus détaillé. Il a fait une campagne plus stylée, intelligente et structurée que son opposant. Bien sûr, sa capacité à mettre en œuvre son potentiel immense reste à démontrer. Mais Barack Obama mérite cette présidence
    Parce que, dans cette grisaille automnale, c’est le seul rayon de soleil que je vois à l’horizon, et j’entends bien en profiter, juste pour le plaisir des yeux.

    A l’heure où CNN vient encore de relever son estimation de composition du Collège électoral de 274 à 293 grands électeurs pour Obama, je m’accroche à cet espoir de voir le premier président américain issu d’une minorité raciale.

    Je serai devant CNN le 4 novembre au soir. La porte est ouverte :)

  • 24 octobre 2008

  • [blog] Hope he’s right …

    Ca ne devrait être qu’un item de plus d’Ylanotékoi. Mais la conclusion de cet article de Time réveille en moi les espoirs d’une amérique qui nous surprendrait tous en élisant son premier président noir :

    His has been a remarkable campaign, as smoothly run as any I’ve seen in nine presidential cycles. Even more remarkable, Obama has made race — that perennial, gaping American wound — an afterthought. He has done this by introducing a quality to American politics that we haven’t seen in quite some time : maturity. He is undoubtedly as ego-driven as everyone else seeking the highest office — perhaps more so, given his race, his name and his lack of experience. But he has not been childishly egomaniacal, in contrast to our recent baby-boomer Presidents — or petulant, in contrast to his opponent. He does not seem needy. He seems a grown-up, in a nation that badly needs some adult supervision.
    Time Magazine : Why Barack Obama Is Winning

    L’ensemble de l’article est à garder sous le coude, bien sûr, selon les résultats de l’élection. Mais au delà, c’est un véritable « insight reporting », comme on en entend rarement, un rare moment de remise en perspective dans un moment, une époque où les pratiques sont plus centrées sur l’instant.

    Une chose est sûre : le choc de l’élection de cet homme marquerait un tournant historique, au delà des états unis ; d’autant plus qu’il survient à un moment crucial, celui de la banqueroute de la théorie neo-libérale, et, probablement, l’avènement des temps de l’économie sociale.

  • 13 octobre 2008

  • [blog] Tout le monde ne dit pas « I love you »

    Il y a quelques mois, alors que je dînais chez lui, mon frère immédiatement aîné, TuDikoi, m’invitait à passer quelques moments seuls à seuls, loin de sa femme et de ses enfants. Il a mis du temps à trouver ses mots, hésitant, soudain pris d’une émotion inhabituelle chez lui, bien loin de l’apparent contrôle de soi auquel il nous avait habitué.

    Assez rapidement, il était en pleurs, mon frère !, pour cette première vraie discussion de toute notre vie. Il m’annonçait officiellement ce qui était un secret de polichinelle depuis longtemps, les difficultés qu’il connaissait dans son couple après quinze ans de mariage, et quatre enfants. Quinze ans pendant lesquels il n’a jamais su parler à, avec sa femme. Quinze ans à ne pas communiquer, ne pas se comprendre, vivre deux vies au lieu d’une. Séparation de fait, divorce imminent.

    Nous en parlions récemment avec ElleDikoi, ma grande sœur chérie. En colère contre TuDikoi et sa femme, qui ont laissé filer toutes leurs chances, sans penser un instant aux conséquences, sans penser à leurs enfants, elle avait du mal à comprendre comment une telle absence de communication pouvait exister dans notre famille.

    Et puis nous avons parlé de LuiDikoi, notre frère aîné, aussi secret lui aussi dans les difficultés de la vie qu’il rencontre, lui qui ne dit jamais rien sur ce qu’il pense, craint, souhaite, regrette, ses joies, ses peines.

    J’ai constaté ma propre incapacité, sans pour autant donner les motifs, encore inexplicables, ce n’était de toute façon ni le moment, ni le sujet.

    Le constat se dessinait, à elle comme à moi, de façon accablante : sur bien des critères, PapaDikoi et MamanDikoi peuvent être fiers : ils nous ont “bien élevé”, têtes plutôt bien faite, honnêtes, polis, fidèles, ouverts, généreux aussi, certainement.

    Mais cette générosité, il faut bien le reconnaître, pour nous les garçons, n’est que superficielle. Nous savons accorder notre temps, donner de notre argent, mais notre cœur est difficilement prenable. Nos émotions nous appartiennent, nous ne savons pas les partager, même si nous le voulons.
    Je ne crois pas avoir jamais dit “je vous aime” à mes parents, ni n’avoir eu de conversation profonde avec eux, sauf avec PapaDikoi, une fois. Deux heures, dans ma vie, dans sa vie.
    La première fois que j’ai voulu dire “je t’aime” à un garçon, j’ai mis une soirée entière avant d’y arriver, et je n’ai pu le faire qu’en le formulant en anglais, en espagnol, puis, doucement, douloureusement, en français.

    ElleDikoi et moi en avons convenu, comment faire autrement ? Nos parents ne nous ont pas appris à parler, ils étaient convaincus qu’un homme ne se construisait pas à coups de sentiments, certainement pour eux plus une faiblesse plus qu’une force, pire encore, une inconvenance.
    Pour parodier Brel :

    Faut vous dire, Monsieur,
    Que chez ces gens là,
    On n’parle pas, Monsieur,
    On n’parle pas, c’est impudique

    Aujourd’hui, ils ne peuvent que s’en rendre compte : le premier ne leur parle que de sujets ciblés, la tension est toujours vive entre eux et sa famille ; le deuxième ne leur parle plus de sa famille, alors qu’ils n’ignorent pas ses difficultés ; quant au troisième, ils ne savent presque rien de lui.

    Je leur souhaite pourtant d’être aveugle à cette conclusion, de constater les faits sans arriver à les relier. Car c’est un cruel constat d’échec, arrivé au crépuscule de leur vie. Et je n’ose imaginer, ni ne leur souhaite, la douleur qu’ils pourraient ressentir face à ce gâchis. L’échec d’une vie, sur l’aspect le plus important de notre humanité. Terrible.

  • Vos commentaires

    • Le 31/05/10, Al West En réponse à : Tout le monde ne dit pas « I love you »

      Je ne crois pas avoir jamais dit “je vous aime” à mes parents

      D’ou l’importance de les aimer et de le leur dire pendant qu’ils sont vivants... (c’est ce que j’ai fait avec Peupa, et même s’il est mort le lendemain (j’espère que ce n’est pas à cause de cela), j’en suis aujourd’hui encore heureux (et fier)).

      Amicalement.

      Al West

      répondre ︎⏎

    10 octobre 2008

  • [blog] Moto Grand Prix

    On se plaint souvent de ne pas voir de moto dans les médias « traditionnels ». Alors quand l’un d’entre eux s’y penche, et que c’est le prestigieux Boston Globe et sa classique et déjà prestigieuse revue de photos, il ne faut pas se priver.

    Allez hop, clic clic : The 2008 Australian motorcycle Grand Prix

  • 7 octobre 2008

  • [blog] Petites considérations purement personnelles et anecdotiques sur les événements actuels

    • Au delà d’une crise de confiance, c’est une crise de bon sens.
      Mais ça fait un moment que le bon sens n’a plus court en économie.
    • Aucun gouvernement ne peut prendre le risque politique de laisser couler une banque, l’épisode Lehman Brothers l’a montré.
      Les journalistes et les analystes qui laissent planer le doute sont irresponsables. Paieront-ils, eux aussi ?
    • Si effectivement, la charte du Medef sur les parachutes dorés est indexée sur le cours de bourse des entreprises (entendu sur France 2 hier), c’est d’une incalculable connerie, puisque c’est justement le culte du cours de bourse qui a amené ces pratiques, et cette crise in fine.
    • La crise boursière n’a pas atteint son paroxysme
    • Rien ne laisse présager un retour du bon sens ou de la confiance, aucun événement prévisible qui pourrait inverser la tendance défaitiste.
    • Il va y avoir de moins en moins d’acheteurs d’immobilier (manque de liquidités), et de plus en plus de vendeurs, pour les mêmes raisons. Ce qui entraînera mécaniquement une baisse de la bourse.
    • Les investisseurs - privés ou institutionnels - n’ont pas encore commencé à se défaire de leurs portefeuilles dans l’urgence … à peine parle-t-on de Dexia qui vendrait à tout prix son portefeuille pour assurer des liquidités.
    • on continuera à voir beaucoup de mouvements en yoyo des bourses, jusqu’à ce que le manque de liquidités se fasse vraiment sentir, et que les investisseurs privés / institutionnels se défaussent massivement.
    • L’Europe jusqu’ici fait preuve de son inefficacité et d’une cacophonie déplacée.
      C’est justement l’instant où elle pourrait mettre en place une réelle politique commune que chacun agit dans son coin.
      Elle pourrait s’en retrouver moribonde ou alors - toujours être optimiste - finalement se retrouver sur les rails d’une véritable union politique.
    • En 1989, avec la chute du mur de Berlin, le capitalisme perdait son ennemi historique, qui le contenait plus ou moins dans une pratique raisonnable.
      2008 devrait marquer la fin de la financiarisation systématique de l’économie … si on est optimiste.
  • 6 octobre 2008

  • [blog] Le précieux

    Le hammam de la Grande Mosquée de Paris est réputé pour sa décoration. J’ai un vague souvenir d’y être allé il y a de nombreuses années. Ce qui est sûr, c’est qu’il est aujourd’hui vendu comme un des meilleurs spas de la capitale. Luxe, calme et volupté, tout ça très chic forcément.

    Mais il existe aussi d’autres hammams à Paris, qui ne figurent pas sur les guides touristiques, ou en tout cas pas ceux pour le grand public. Ils ne sont pas dans la catégories « spas » ou « luxe », et s’ils ont pour but d’apporter une certaine volupté (hum |-)), ils n’ont pas grand chose à voir avec la mosquée de Paris. Autant dire que l’ambiance dans ce genre d’endroit tient plus du « load, aim and shoot » que du salon de thé.

    Bon, ça va, vous avez compris ou il faut que je continue ? hmmmm ? On va dire que c’est bon, ceux qui ont compris peuvent cliquer sur le lien, les autres, les effarouchés … euh … comment dire, allez plutôt regarder ça ?

    Pour les voyeurs(ses), donc :)

    Le hammam est la plupart du temps fréquenté par le boy next door, mais il arrive parfois que de véritables bombes sexuelles s’y retrouvent … et c’est l’émeute, bien sûr. Cet après midi, c’était le cas de deux garçons, presque frères jumeaux tellement ils se ressemblaient, l’un blond, l’autre brun, tous deux les cheveux bouclés, le corps finement sculpté, ils auraient pu être surfeurs s’ils étaient un peu plus étoffés. Des bombes sexuelles, je vous dis :-O.

    Bref, ces deux garçons, catégorie fantasme sur patte, faisaient des exercices de socialisation assez … physiquement intenses, concentrés. De l’autre côté du hammam, j’avais entrepris de faire moi même connaissance avec un charmant garçon, quand un autre - jaloux ? voyeur ? intrigué ? s’assis à côté de moi, se contentant de nous regarder.

    Partant du principe « plus on est de fous … », je lui fis mon plus beau sourire pour l’inviter à se joindre à nous, sans arriver à le dérider. J’essayai une invitation plus galante adaptée à l’esprit du lieu, sans plus de succès, puisqu’il me répondit “mais comme vous y allez, quel langage direct !” et quelques instants plus tard : “cela dit, vous m’êtes tout à fait agréable”.

    Ah, forcément, tout de suite, ça change. D’un seul coup, on passe de l’antre de la bête à un XIXe siècle maupassien, des quartiers populaires au cœur du XVIe arrondissement, subitement, la socialisation devient plus classe, tout de suite plus … glam’s.

    Pas de morale à cette histoire, ni de chute - vous ne vous attendiez quand même pas à un documentaire ?. On dira simplement que la surprise est vite passée, y’avait d’autres chats à fouetter |-), mais c’en est encore drôle a posteriori !

  • 2 octobre 2008

  • [blog] The Guardian

    Je me suis rendu, juste avant le travail, dans ce centre commercial à côté de Meudon. Après midi visiblement délicieuse, qui passait trop rapidement. Au moment d’y aller, j’ai eu du mal à partir et finalement m’orienter vers la sortie.

    Après un dédale d’escaliers et de passerelles, me rendant compte que j’avais oublié mon casque, j’ai fait demi-tour, me dirigeant - plus rapidement - vers la salle où je l’avais laissé. Il y avait beaucoup de motards, j’ai eu du mal à le retrouver.

    Prenant le chemin du retour, je me suis fais bousculer, dans le hall central soudainement surpeuplé, par un petit rebeu tout juste sorti de l’adolescence. Il était avec un copain et, un grand sourire lui déchirant le visage, me dit quelques mots gentils en forme d’excuse.

    Dehors, dans l’allée qui menait à la sortie, j’ai eu le réflexe de tâter la poche arrière droite de mon jean : vide, évidemment. J’ai un instant pensé avoir égaré mon portefeuille, avant d’avoir la certitude que le jeune rebeu me l’avait volé. Avec mes deux cartes bleues « gold », il allait en avoir pour son argent … J’ai donc fait brusquement demi-tour, courant en arrière comme un fou, espérant naïvement … quoi, je ne sais même plus.

    Je l’ai retrouvé sur une plate-bande, contre les fleurs. Il avait été négligemment jeté, et les cartes n’y étaient plus, bien sûr. J’étais dans une rage intérieure noire, la nuit tombait, des nuages lourds de pluie s’amoncelaient sur les collines de Meudon, j’ai probablement divagué un bon moment. C’est sans doute à ce moment là que, perdu, je suis arrivé à une sorte de promontoire, d’où je voyais la route en contrebas. Où ce qu’il en restait, puisque deux voitures sont tombées dans un grand fossé, avant que ne passent deux motos qui, elles, s’en sont sorties.

    Quand j’ai vraiment repris mes esprits, j’étais au guidon de ma moto, perdu de nouveau, en plein centre ville. Il fallait que je demande ma route, je suis rentré dans un bar tabac, j’ai béquillé ma moto devant le comptoir, un scooter m’avait suivi, ça m’a étonné. Une femme, moche, tenta de se rebeller et commença à vitupérer contre ces motards … d’un regard, je l’ai coupée, et, la toisant, lui ai répondu que elle, elle ne venait pas de se faire voler deux cartes de crédit.

    J’ai rapidement été aidé par un garçon charmant, il était justement là avec sa copine. Il voulait m’aider à reprendre mes esprits et appeler le centre des cartes volées. Je le remerciais, il trouvait ça naturel, espérant que quelqu’un le ferait pour lui, dans la même situation.

    J’ai cherché mon iphone, que je ne trouvais pas. Il était en fait sur une table, mais avait l’air différent, un peu bizarre. L’écran de veille n’était pas le même que d’habitude, the guardian s’affichait nettement, dans une typo plus gothique que le journal anglais. Pourtant, en essayant de le déverrouiller, je tombais invariablement sur une pub mal ficelée pour un produit quelconque, et je ne pouvais en sortir. Un virus ? Pourtant, j’en étais convaincu, on ne peut pas avoir de virus avec un iphone ! Et, en plus, comment aurais-je pu le contaminer ?

    C’est le patron du bar, un peu réticent, qui finira par me sortir d’affaire, en me prêtant son téléphone, un téléphone antique sans cadran, où il faut demander le numéro à une opératrice. Sa femme fini par me passer le combiner au bout d’un temps, m’annonçant que je suis en contact avec France Telecom, ce qui ne me fait pas réagir tout de suite.

    Je tombe sur une femme à l’accent martiniquais, qui me demande timidement mais fermement de rappeler plus tard, parce qu’elle est en plein milieu d’un dîner donné pour une occasion spéciale. Je m’énerve vite, essayant de lui faire comprendre mon urgence, les larmes montent en même temps que je sens mes jambes se dérober.

    Je sens alors deux bras puissants m’entourer le torse, ils me retiennent, m’empêchent de m’écrouler, et m’appuyent sur le bar, où je pleure, honteux, tout mon saoul. C’est mon jeune homme de tout à l’heure, prévenant et attentif, qui se tenait derrière moi attendant le moment où je craquerais. Délicate attention, et douce euphorie de reconnaissance.
    Je l’entends, dans un brouillard, discuter avec la patronne du bar, commenter mon état de choc, suggérer que je serai bien plus à l’aise sans mon pantalon de cuir, qu’il devrait m’enlever … il ne savait pas que j’étais nu dessous, cela m’a fait me ressaisir.

    J’avais de nouveau ce que je croyais être mon iphone sous les yeux, toujours avec cette espèce de publicité à l’entête du Guardian. Le regardant plus attentivement, je voyais qu’il était en fait beaucoup plus large, et surtout plus souple, comme en plastique, avec une découpe dans le bas. Je l’ai ouvert, comme un sachet de charcuterie, pour en sortir une feuille multimédia qui avait l’apparence d’un écran souple.

    C’est à ce moment là que j’ai senti ma veste - oui, on peut être en costume et pantalon de moto - vibrer, pour me rendre compte que c’était mon iphone, et qu’on m’appelait. C’était MamanDikoi, qui sans doute s’inquiétait de ne pas me voir revenir. J’ai eu du mal à décrocher, basculant d’abord en mode visio que je n’arrivais pas à couper, avant de pouvoir lui parler. Elle était avec TataDirien et le labrador (redevenu bébé ?) de mon frère. Celui-ci cherchait à me mordiller, je lui ai serré le museau fermement, ça l’a calmé. Passage en mode « téléphone » avec MamanDikoi, oui, j’allais bien, je m’étais juste fait voler mes cartes bleues. Oui, j’allais rentrer.

    Je me suis réveillé au moment où je me disais qu’elle exagérait, elle n’a même pas eu une phrase gentille, s’inquiétant juste de l’heure de mon retour.

  • Vos commentaires

    • Le 02/10/08, France En réponse à : The Guardian

      PS : ben non je suis pas malade... Je l’ai noté aussi le « tout nu sous le cuir », mais c’est déjà fait alors...

      répondre ︎⏎

    • Le 02/10/08, France En réponse à : The Guardian

      A mon avis, tu te fais du soucis pour ton pouvoir d’achat. Tu as peur de le perdre ou qu’on te le vole.

      Oui, je sais, j’ai toujours été très douée pour l’interprétation des rêves.

      Nan, je t’en prie, de rien...

       ;o))

      répondre ︎⏎

    • Le 02/10/08, Ydikoi En réponse à : The Guardian

      @Rouge-Cerise : j’ai le souvenir d’avoir eu comme un sursaut dans mon rêve, à ce moment là … il faut donc croire que non, mes rêves ne se passent pas tous nus ;-)

      répondre ︎⏎

    • Le 02/10/08, rouge-cerise En réponse à : The Guardian

      Ah bon, tu es toujours nu, sous ton pantalon de cuir ? :-)

      répondre ︎⏎

    • Le 02/10/08, Ydikoi En réponse à : The Guardian

      c bien connu, les mères sont de grandes castratrices :-))

      répondre ︎⏎

    • Le 02/10/08, Fab En réponse à : The Guardian

      Heureusement que Mamandikoit est là pour veiller à ta moralité au moment ou ça risque de déraper.

      répondre ︎⏎

blog | photo | web | Suivre la vie du site RSS 2.0 | made with SPIP depuis 2003