Archives mai 2013

    13 mai 2013

  • [web] Mariage gay : le mal à l’âme des « Cathos » blessés par l’Eglise

    « qu’avez vous fait du désarroi des jeunes qui se découvrent homosexuels ? Qu’avez vous fait de la souffrance des mamans célibataires ou des enfants adoptés par des célibataires qui entendent des manifestants crier que s’il n’y a pas de papas, l’enfant est forcément malheureux… »
    (Permalink)

    Via : http://www.marianne.net/Mariage-gay...

  • [web] Du mariage pour tous (3e partie) : après la bataille

    Troisième et avant-dernier billet de ma trilogie en quatre billets sur le mariage pour tous, officiellement connu sous le nom de mariage entre personnes de même sexe. Un dernier volet sera consacré à la décision à venir du Conseil constitutionnel.
    (Permalink)

    Via : http://www.maitre-eolas.fr/post/201...

  • [blog] La fin du livre approche

    Le retour était prévu dans le courant de la semaine. Mais, pour une fois sur ces cinq dernières semaines, Eole a été favorable, et c’est au portant que bel ami a déboulé sur les côtes françaises. Arrivée prévue dimanche matin à Concarneau, j’ai eu le temps de (re)voir, cette fois depuis la terre, certains de ces endroits que j’avais fréquenté avant que tout ne commence.

    Bien sûr, Benodet, et Sainte Marine, juste de l’autre côté de l’Odet

    Un peu plus au sud, Loctudy, presque en face des Glénans, avec ses faux airs de plage des caraïbes

    Dimanche, dès potron minet (ou presque), j’étais assis sur le banc du fort du Cabellou, à l’entrée du chenal de Concarneau.

    Au loin, des optimists disputaient une régate, encore des souvenirs.
    Le ciel était nuageux, gris, et pas que le ciel.

    Je l’ai guetté une bonne heure, peu de voiles rentraient, et puis soudain, dans le loin, cette silhouette si caractéristique. Je distinguais à peine la bande anti-uv rouge grenat, ou son portique, mais je savais que c’était lui.

    Je l’ai regardé rentrer dans le chenal, les yeux plus qu’embués. Je les ai vu rouler les voiles, et embouquer l’accès au port. J’ai repris la moto, et suis allé les rejoindre. Il était là, accosté.

    L’avant dernière page est tournée, il n’en reste plus qu’une.

  • 4 mai 2013

  • [blog] 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

    (suite de la première partie)

    Fin novembre, je suis contacté par une personne (très) proche du pouvoir actuel qui me propose, après quelques échanges, un rendez-vous pour évoquer la situation du projet de loi, dont l’examen n’a pas encore commencé à l’assemblée.

    Lors de cet entretien, début décembre, je viens avec un document qui démonte le caractère a-confessionnel des opposants [1]. En utilisant simplement Google, j’ai réussi à remonter 17 associations ou collectifs sur les 26 qui composent alors le collectif [2]
    Et puisque c’est un milieu que je connais, j’affirme que ce n’est pas le mariage en tant que tel qui posera problème, mais les questions de filiation (adoption ou PMA), et encore plus, les questions de bioéthique (la GPA) qui seront soulevées. Si la question de la GPA peut être facilement évacuée, PMA et adoption réclameront une attention et un effort d’explication tout particuliers.

    J’exprime également mon inquiétude de voir le Parti Socialiste, qui se lance tout juste dans la bataille, faire de ce sujet un marqueur politique, qui amènera inéluctablement un clivage profond sur ce qui devrait être un sujet rassembleur et non partisan.

    Enfin, je propose un plan d’action pour organiser la communication sur le projet de loi, visant à donner une visibilité aux partisans, dédramatiser et expliquer les enjeux. Rien que de très classique.

    Ce document a été lu au plus haut sommet de l’Etat, puis remis à Harlem Désir début décembre (et aux cabinets de D.Bertinotti, NVB et C. Taubira - mais dans ce cas, je n’ai pas eu confirmation que cela ait été effectivement fait).

    Le PS a choisi délibérément une stratégie en totale opposition à celle que je proposais, c’est bien sûr son droit.
    Il ne s’est pas employé à fédérer autour du projet de loi, et a joué l’exact opposé, préférant le clivage politique à la pédagogie, l’explication, et le rassemblement.
    Il a choisi d’ignorer les inquiétudes, notamment inconscientes, portées par les questions de filiation, et s’est laissé enfermer dans la la thématique de la GPA.
    Cette tactique a fonctionné sur l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, mais le résultat est pitoyable, puisque la violence a explosé, et le projet de loi sur la famille (et la PMA) est enterré, et les autres réformes sociétales également.

    L’inter-LGBT aura brillé par son absence pendant ces 7 mois.
    Certes Nicolas Gougain ne s’est pas ménagé pour aller de plateau en débat remplir son rôle de porte-parole. Mais lui qui, dès le mois de novembre, expliquait tranquillement partout que “de toute façon la loi sera votée” a été aux abonnés absents dès lors qu’il s’est agit de discuter avec lui stratégie de communication, pour que l’inter coordonne les collectifs (qui tardaient à apparaître) et autres associations. Résultat, là où les antis avaient une bonne demi-douzaine de porte-paroles qui sillonnaient la France et les plateaux, les partisans du projet n’avaient que N.Gougain, C.Fourest (et, bien plus tard, E. Binet le rapporteur du projet de loi).
    Il est d’ailleurs symptomatique que les deux dernières manifestations, à l’Hôtel de Ville et place de la Bastille, aient été organisée par Act-up, et que l’inter ait fini - tardivement - par rejoindre la liste des organisateurs.
    Je connais de l’intérieur les difficultés d’animation d’une fédération, mais l’inter-lgbt devra s’interroger sérieusement sur ses capacités à organiser, structurer et coordonner un combat médiatique, au delà de sa capacité à discuter avec les politiques.

    Que va-t-il rester de ces 7 mois ?

    Le plus important : la loi va être d’ici quelques jours promulguée, sauf (très grosse) surprise, et servira de marqueur dans l’évolution des droits des minorités, de notre minorité, et leur reconnaissance à part entière.

    La violence, la haine qui n’a cessé de progresser depuis janvier, y compris au parlement (où, pour avoir suivi tous les débats, je peux témoigner d’une vraie libération de parole homophobe en hausse constante) finira par retomber, progressivement. Heureusement.

    A titre personnel, j’ai aujourd’hui du mal à évaluer l’impact global de ces sept mois de travail.

    Je sais avoir rempli un espace, tant sur l’aspect documentaire qu’argumentaire, que personne n’avait pris, et probablement assez bien puisque personne d’autre n’a cherché à le faire également.

    J’ai un souvenir pénible, encore fort aujourd’hui, de ces journées à essayer de monter une coordination inter-collectifs, où tout finalement échoue pour une virgule mal placée, ou presque. Ou de ce media soit disant digne de confiance dont le comportement s’est révélé largement plus individualiste ou malhonnêtre que communautaire et militant.

    Heureusement, en contrepartie, j’ai bien sûr quelques fiertés, comme ce rendez-vous politique, même s’il ne fut pas suivi d’effet ; d’avoir été le premier à exposer le côté très confessionnel des antis ; ou avoir été ce "french activist" (publié -quand même- par le HRC) à l’origine des « révélations » de médiapart (j’aurais dû demander un © pour le "internationale catholique") ; et sinon la fierté d’avoir apporté une pierre à l’édifice d’un mouvement collectif, et voir, parfois, souvent, cette pierre ricocher, devenir plus grosse, et rebondir de plus belle dans les mains d’autres, plus experts à ce jeu là. Bref, si j’en crois mry, j’ai été un influenceur

    Il restera, malgré tout (parce qu’il faut bien lui reconnaître ça), un grand coup de chapeau à F.Barjot pour avoir su rassembler autour d’elle toutes ces mouvances certes d’un même socle mais aux sensibilités très différentes, et arriver à ce que chacun mette son ego dans sa poche le temps d’un combat commun, au bénéfice d’une parole commune.

    Si nous tous, partisans du #mariagepourtous : politiques, associations, collectifs, médias et individus, avions eu ce courage d’un jeu réellement et profondément collectif, nous ne leur aurions sans doute pas ouvert un tel boulevard et aurions très probablement évité que le débat se passe dans de telles conditions.

    Oui, les opposants à l’ouverture du mariage civil aux couples homosexuels sont directement responsables du climat délétère et violent d’aujourd’hui.
    La première responsabilité -en termes calendaires en tout cas- en incombe à l’église catholique qui n’a pas su éviter les expressions de certains de ses plus hauts dignitaires : le cardinal Barbarin qui a mis le feu aux poudres (voir la première partie), mais aussi celle là, celle-ci encore, pour ne citer que ça).
    Elle découle également directement des organisateurs du collectif des opposants qui, à coup d’amalgames douteux (exemple ici, ici , ici ou enfin ici), ont libéré une parole odieuse, qu’ils n’ont pas voulu ou su contrôler, leur a échappé pour finalement exploser en une homophobie cette fois bien réelle et "palpable".

    L’incapacité des acteurs pro-mariage à mettre en place un mouvement de masse unifié, dont la force et la visibilité auraient surpassé, de loin, celle des opposants au projet de loi, n’a pas aidé à contenir la parole odieuse de ces derniers mois.

    Mais surtout, j’en veux au parti socialiste, à sa direction et au gouvernement.
    Pour une simple tactique politique, visant à redorer un blason quelque peu terni, ils ont choisi, en toute connaissance de cause, l’affrontement direct en lieu et place de l’apaisement, et l’explication dont ils seraient sortis grandis à moyen ou long terme.
    Mais leur choix, et l’échec qui en découle à contenir le déferlement homophobe de ces dernières semaines, à prévenir la radicalisation du mouvement des opposants, et l’abandon de réformes sociétales d’importance, sur lesquelles ils avaient fait des promesses définitives, leur coûteront bien plus cher qu’ils n’osent l’imaginer aujourd’hui. Ils ont fait une erreur stratégique majeure, pour eux même, et pour la France.

    Il y a quelques jours, mon contact "proche du pouvoir" m’envoyait un mail douloureux et inquiet, me disant notamment

    C’est avoir tort que d’avoir raison trop tôt”, disait Marguerite Yourcenar.

  • Notes

    [1de manière beaucoup plus détaillée que dans ce post, puisque j’y donne également des informations pour lesquelles je n’ai pas de preuves formelles à ce moment là

    [2A quelques détails près, c’est ce que LeMonde détaillera en mars 2013 en publiant son enquête

    Vos commentaires

    • Le 07/05/13, ydikoi En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Je pense que tu te trompes sur l’église catholique (j’avais bien perçu que tu parlais de ça), pour deux raisons :

      L’église a beaucoup appris du débat similaire qui a eu lieu en Espagne il y a quelques années, où elle était en première ligne, tout en laissant une liberté de parole à ses ministres et ouailles. Le résultat est qu’elle en sort assez déchirée.
      En France, ils ont pris le contre-pied exact, n’apparaissant pas en première ligne, laissant cette place à Barjot et des associations écrans. De ce fait, ils sont « assez propres », et les dérapages des evêques se sont fait à la marge.
      Ceux qui pourraient se sentir blessés par son positionnement, même en sous-main, comme toi, ou moi, ou d’autres, sont finalement assez minoritaires, et face à tous les autres, l’église s’est positionnée sur une valeur inattaquable : la défense du « plus faible ».
      Sans compter qu’elle a réussi à faire émerger une génération de jeunes cathos prêts à concilier foi et vie publique.
      Donc je confirme : je ne crois pas à un déclin, sauf à la marge :-)

      répondre ︎⏎

    • Le 07/05/13, bertil En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      je parlais de l’Institution ecclesiale, de l’Eglise Catholique. Je suis assé convaincu d’un retour de baton important. Une fois le mariage admis par le grand nombre, il restera le souvenir du refus obstiné des cardinaux, de leur volonté d’exclure. Je n’ai pas trouvé une seule parole officiel réconfortante venant de l’Eglise, pour attenuer. Par contre l’auto-délivrance de certificat de non-homophobie, oui, par wagons. La mise en avant d’un type comme Philippe Arino est incroyable. Vu l’état de l’Eglise, ce positionnement communautariste est proprement suicidaire politiquement à moyen terme. Ca ne me réjouit pas particulierement.

      répondre ︎⏎

    • Le 07/05/13, ydikoi En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Oui, le coup de comm’ a été excellent. Et comme je le disais plus tôt, il leur a permis de clamer en toute bonne conscience leur respect des homosexuels.
      Il est évident que beaucoup, comme pour le PACS, auront vécu ce moment comme un marqueur, familial, sociétal, politique.
      Mais je crois que les institutions survivront, par contre :)

      répondre ︎⏎

    • Le 06/05/13, bertil En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      J’ai trouvé ton blog un peu par hasard (mais y a pas de hasard) et je fais le rapport avec le site lemariagepourtous.info (qui m’a servi de « boîte à outils » un bon moment). Donc primo : MERCI
      Secundo, j’ai moi aussi bien ressentie la rudesse politique du gouvernement et sa responsabilité dans la dégradation du débat.
      Tertio ; la force de Barjot est d’avoir muté l’homophobie latente des troupes catho en défense de l’enfant à venir !(j’ai la même famille que toi je pense, et je sais de quoi je parle en terme d’homophobie latente). Imparable et génialement simple : la bonne conscience pour eux, la mauvaise (le doute ?) pour nous. La preuve ultime pour les antis, ils arrivent même à faire témoigner des homos trop heureux de pouvoir être enfin acceptés par ceux qui les rejettent au fond.
      Pour moi la fracture avec mes parents est évidente, mais encore plus avec l’Eglise. Le sentiment d’avoir été mis dehors grossièrement peut-être. Je pourrais m’en moquer, mais au fond je suis triste de voir ces Prélats foncer tête baissée avec le troupeau vers la falaise. Pas sûr que l’Institution tienne le coup bien longtemps.

      répondre ︎⏎

    • Le 06/05/13, ydikoi En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Sans compter que déjà en novembre, je leur ai expliqué que cette stratégie avait une issue inexorable : l’abandon de la PMA pour les couples de lesbiennes, qui a été confirmé hier soir.

      répondre ︎⏎

    • Le 06/05/13, ydikoi En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      @Guillaume : la question n’était pas d’être clivant, ou pas. Le sujet était naturellement clivant, et comme tu le dis, dans 10 ans, quel que soit l’avenir, on se souviendra que c’est la gauche qui a fait passer cette réforme.
      Justement, c’est en partant de ce constat que j’ai expliqué qu’il y avait tout intérêt à faire de la pédagogie sur le texte, sachant que les opposants allaient naturellement s’enferrer dessus, de toute façon, tous seuls. La réponse que j’ai obtenue était « pas la peine, tous les homos votent déjà à gauche ». Ben tiens. (oubliant, au passage, tous les hétéros qui sont en faveur du projet).
      La connerie qu’ils ont faite n’est pas de cliver, mais de refuser d’entendre l’évolution prévisible des antis : ils avaient les moyens de l’anticiper, et de la contrôler. Ils l’ont refusé, par « jeu » politique. Et les homos étaient au milieu, à compter les coups qui tombaient sur eux.

      répondre ︎⏎

    • Le 06/05/13, Guillaume En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Par contre, je suis d’accord avec toi quand tu dis

      L’incapacité des acteurs pro-mariage à mettre en place un mouvement de masse unifié, dont la force et la visibilité auraient surpassé, de loin, celle des opposants au projet de loi, n’a pas aidé à contenir la parole odieuse de ces derniers mois.

      Je pense que les pros se sont « gentiment » laissés reposés sur la majorité parlementaire, qui, à de grandes chances, allait donner la majorité sur le vote.

      répondre ︎⏎

    • Le 06/05/13, Guillaume En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Pour en avoir discuté de temps à autre avec toi, je pense que l’article ne reflète pas encore suffisamment ce qu’ont pu supporter les cibles des attaques de antis. Mais bon, pudeur ou mauvaise lecture, on peut simplement l’imaginer, la multiplier par 2 ou 3 et penser aux dégâts physiques et psychos que cela a entrainé.

      Je suis plus partagé sur

      Mais surtout, j’en veux au parti socialiste, à sa direction et au gouvernement.
      Pour une simple tactique politique, visant à redorer un blason quelque peu terni, ils ont choisi, en toute connaissance de cause, l’affrontement direct en lieu et place de l’apaisement, et l’explication dont ils seraient sortis grandis à moyen ou long terme.

      Je comprends le souhait légitime d’unir et d’apaiser, sauf que le sujet est si symbolique, qu’y compris dans ses rangs, le PS avait besoin d’être le plus clivant possible. Qu’on soit pour ou contre, il fallait prendre position. La question est trop sociétale pour qu’elle reste tiède dans les esprits. Tu l’as vécu au plus près.

      Et puis, les Français ont la mémoire courte, les conséquences seront que la droite s’est reconstitué en réseaux, que la gauche a gagné une victoire sociétale (dont tout le monde aura oublié qui l’a voté dans 10 ans), la France une avancée progressiste. Cela n’a fait qu’amplifier (ressortir ?) les vrais clivages sociétaux gauche/droite.

      répondre ︎⏎

    • Le 05/05/13, Matoo En réponse à : 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (2e partie)

      Ah ok, « partie prenante » était en effet bien euphémistique. :)
      Je suis très très très admiratif. Merci !! <3

      répondre ︎⏎

    3 mai 2013

  • [blog] 7 mois après : un bilan (mitigé) du « mariagepourtous » (1e partie)

    La genèse de lemariagepourtous.info

    Je me suis toujours foutu du #mariagepourtous. A vrai dire, je m’en fous toujours un peu, je ne suis pas sûr que ça m’intéresse encore aujourd’hui.

    Initialement, je ne devais pas être en France, et j’en étais plutôt content : je savais, comme nous tous qui avons connu le PACS et s’en souviennent, que ça allait être violent, dégueulasse, ordurier. Mais voilà, par la force des choses, j’étais là. Il allait bien falloir faire avec.

    Les prémices ont commencé fin juillet avec la fameuse “prière du 15 août” lancée par la conférence des évêques de France. Assez subtilement, son instigateur, le cardinal de Paris André Vingt-Trois, a su utiliser des termes très neutres, se contentant de demander une prière “pour la famille”. Le loup sortait du bois, il avait retenu la leçon et se faisait plus sociable.
    L’été passe, et le débat se fait, à un petit rythme tranquille, autour de la place - et la légitimité - de l’église catholique à intervenir sur le mariage civil. Rien de méchant. Tout paraît, pour tout le monde, devoir être encore une formalité.

    Patatras, le cardinal Barbarin, dans un exercice de style inhabituel pour lui, se lâche au micro de RCF/tlm, et assimile le mariage des homosexuels à l’inceste et la polygamie.

    Dans la foulée, Civitas, mouvement intégriste, annonce une mobilisation nationale contre le projet de loi, suivi de près par Frigide Barjot qui, via son association “Collectif pour l’humanité durable", monte le collectif “Manif pour tous”, et annonce une manifestation pour la mi-novembre.

    On est déjà mi-octobre. Les arguments des opposants circulent en boucles dans les médias, dont certains cherchent sans doute à se dédouaner de toute partialité, mais plus sûrement par manque de partisans du projet de loi qui soient visibles.
    Les fantasmes les plus fous circulent, sans être démentis :

    • danger pour la civilisation
    • disparition des mots de père et mère du code civil et de la langue française
    • il ne faudrait pas toucher au code civil
    • dénaturation du mariage
    • etc. (ils sont tous là, pour mémoire)

    En face, les partisans du projet de loi sont aux abonnés absent. l’Inter LGBT est invisible ; les ministres n’interviennent pas, et d’ailleurs personne ne sait qui, de C. Taubira ou D. Bertinotti, va mener le projet de loi ; et les députés ne se font entendre que sur la possibilité ou non d’inclure la PMA dans le projet de loi, et le calendrier.
    Pendant ce temps là, on trinque, nous les homos, et chaque jour amène son lot de commentaire ou argument déjà insupportable à entendre, sans soupçonner pourtant qu’il s’agit à peine de l’apéritif.

    Sur le net, c’est encore pire. Tout n’existe qu’autour des opposants, qui sont, début novembre, déjà extrêmement bien structurés, trustant toutes les réponses des moteurs de recherche, avec une kyrielle d’associations et de collectifs tous plus différents les uns que les autres, et apparemment compétents sur le sujet.
    Du côté des partisans, l’inter-LGBT ne parle pas du projet de loi sur son site, ni aucune autre association. Seule exception notable, que je mets du temps à trouver : SOS Homophobie, qui a acheté le nom de domaine “ouiaumariagepourtous.org” qui renvoie vers une page maigrichonne de son site, avec quelques arguments (qui a d’ailleurs très peu évoluée depuis). Pas folichon, du tout. Peu d’arguments en faveur du projet de loi, encore moins en “dénonciation” des absurdités entendues, aucun recensement des soutiens, rendant ainsi crédible l’argument principal de la minorité agissante.

    Twitter s’agite mais là aussi, les opposants se sont organisés en machine à communiquer très efficace, et ne trouvent en face d’eux que de seuls individus pour leur répondre, d’autant plus inaudibles que face aux arguments des opposants ils n’ont que le mot "homophobie" pour seule réponse (par difficulté aussi, il est vrai, d’arriver à démonter la logique très spécieuse qui est derrière).

    J’ai la chance de connaître tous ces arguments. Par ma culture, et mon éducation, et mon environnement familial, je comprends les mécanismes qui agitent les opposants, leurs peurs et leurs fantasmes, tous plus culturels les unes que les autres. Par ailleurs, je suis effaré du silence des promoteurs du projet de loi (associatifs et politiques) trop convaincus de leur succès, et je suis comme tant d’autres profondément blessé, et de plus en plus au fil des semaines, par la violence des propos entendus.

    Ainsi naît lemariagepourtous.info le 17 novembre, au lendemain de la première mobilisation contre le #mariagepourtous, avec un triple objectif dont je crois avoir réussi à ne pas dévier :

    • répondre à ces peurs et ces fantasmes avec des contre-arguments tout aussi rationnels, mais documentés ;
    • répertorier les articles de presse et études, certes en faveur du projet de loi, mais avec une réflexion de fond, permettant aux indécis -encore nombreux à l’époque- d’affiner leur opinion ;
    • lister les soutiens au projet de loi, afin de montrer qu’il s’agit bien d’un projet de société porté par une part importante de la population, et non seulement un projet communautariste.

    lemariagepourtous.info est ainsi le premier "collectif" (hum), premier site, compte twitter et page facebook spécifiquement dédiés au projet de loi … alors que nous sommes mi-novembre !

    Quinze jours passent, à repérer les arguments sur twitter, y répondre sur le site, diffuser l’info, établir les revues de presse, etc. Un incident -que je ne comprends toujours pas à ce jour- donne un coup de fouet à la notoriété du site.

    (La suite est ici)

  • Vos commentaires

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