J’ai depuis longtemps comme principe de ne rien dire de ma vie privée, intime, à ma famille tant que mes parents seraient en vie.
Ils sont arrivés à une période de leur vie où ils ont le droit d’en profiter un minimum, après avoir passé 40 ans à élever des enfants et s’inquiéter pour eux, sans qu’on en rajoute.
Je sais également que même si mes parents ne me rejetteraient pas, feraient attention à ne rien montrer face à moi, ce n’est pas pour autant qu’ils arriveraient à surpasser intimement leur dégoût, leur incompréhension et leurs principes ; un coming-out ne me permettrait pas pour autant de venir chez eux avec mon amant.
Il y a quelques années maintenant que j’ai décidé de ne rien leur dire ; ne rien leur cacher non plus, s’ils venaient à poser des questions, mais ne pas aborder le sujet en premier, tout en étant confiant que cela risquait peu d’arriver vu l’absence de discussion de sujets intimes dans notre tradition familiale.
Lorsque j’ai découvert que PapadYkoi commençait à lire mon ancien blog, je me suis évidemment demandé comment il fallait que je réagisse.
Première option : je n’ai rien dit, c’est lui qui l’a trouvé tout seul comme un grand, il finira bien par comprendre qu’il s’agit de son fiston, et que son fiston est homo. Il finira bien par m’en parler. Ou pas.
Après tout, tenir un blog, c’est s’exposer, prendre des risques, consciemment ou non je savais que ce genre d’imprévu allait finir par arriver, il faut donc que j’assume. Et puis, après tout, c’est l’occasion rêvée de provoquer la discussion.
Mais quand j’ai ouvert mon blog, en 2005, qui faisait la suite de mon site perso (hmmm … 1998 ?), je savais que j’étais tranquille, ma famille est nulle en informatique, et la recherche sur internet … je n’en parle même pas. Quant à croiser la route d’un de mes lecteurs, et que le lien soit fait … le risque était somme toutes vraiment infime.
Je n’ai pas ouvert de blog pour aller à la confrontation, ni pour que PapadYkoi et MamandYkoi apprennent à connaître un fils dont, au mieux ils ignorent beaucoup si ce n’est le principal, au pire qu’ils ne comprennent pas. J’avais des choses à dire, que je ne lis pas forcément ailleurs, le besoin de gueuler parfois, aussi, et un petit côté exhibitionniste qu’il fallait bien satisfaire, quand même |-)
Quand j’ai vu l’historique de navigation de PapadYkoi, j’ai hésité un instant, le temps d’un coup de téléphone, pour prendre l’avis d’une personne proche. J’ai à peine été fébrile pendant ces quelques instants, du style « Ayé … le grand moment est arrivé ». J’étais prêt, je savais quoi dire, comment le dire, le plus tranquillement et le plus naturellement du monde.
Pour la première fois, ce n’était plus une possibilité intellectuelle, juste une réalité, à plus ou moins brève échéance.
Et puis, parce que j’étais prêt, parce que je savais que moi je m’en sortirais bien, mais que PapadYkoi resterait avec les regrets de sa vie, son inquiétude, pour ses enfants, face à la vieillesse, la maladie et la mort ; parce que je savais que même s’il m’en parlait, il garderait ça pour lui, sans en parler à MamandYkoi ; j’ai décidé de fermer le blog, et de bouger mes fesses de là.
Le jeu n’en valait pas la chandelle.
Vos commentaires
# Le 06/08/08, Marco En réponse à : Y disent quoi - 29/07/08
En fait, la police suisse est de mauvaise volonté. Elle consacre son temps à pourchasser les blanchisseurs d’argent sale et les immigrés. C’est pas en France qu’on verrait ça. Y zont du temps, nos flics, pour les choses essentielles. Et paf !
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