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    25 mai 2018

  • [blog] Pistes de poules & nids cyclables à Paris

    Madame la Maire,

    Vous permettez que je t’appelle Anne, n’est-ce pas ?

    Figurez-vous qu’il y a quelque temps, enfin, tout juste quand les socialistes ont pris la Mairie de Paris, je me suis mis à la moto (et en même temps j’ai adhéré à la FFMC, mais ça c’est une autre histoire). Bref, de moto en moto, j’ai fini par la revendre (ou tout comme) il y a trois ans, pour m’acheter une voiture. Une diesel en plus, tu vois. (Je sais, je suis le 😈).

    Bref, toujours est-il que même si je n’utilise que les transports en commun ou mes pieds pour me balader dans Paris, mon médecin trouve que je devrais faire de l’exercice à cause de mon (mauvais) cholestérol. Oui, parce qu’il y en a un bon aussi. Le cholestérol, c’est comme les chasseurs, en fait.
    Soyons clairs, hein, on connait tous les deux les médecins, ça n’aurait pas été ça, ç’aurait été autre chose, hein. Mais bon, je reconnais, il a quelques arguments convaincants, et moi je suis facilement influençable.

    Alors plutôt que prendre un abonnement dans une salle de sport (pouark), je me suis acheté un vélo. Mais pas un gros vélo, hein, genre celui que tu te fais facilement piquer quand tu n’as ni cour ni garage chez toi (80% des parisiens, quoi), celui que tu ne peux de toute façon pas garer proprement parce qu’il n’y a pas de places disponibles, les quelques places de stationnement que tu as construites (avec retard) sont déjà saturées.

    Non, j’ai pris du coup un vélo que je peux mettre chez moi en trois clacs deux clics : clac pour replier le cadre, clac pour le guidon, clac pour bloquer le tout, et un clic pour replier chaque pédale. Et roule ma poule, enfin, porte ton vélo dans ton bureau ou ton appart. Tout ça pour dire qu’avec ce vélo, j’espère bien arriver à bouger un peu ce (méchant) cholestérol.

    Mais revenons-en à nos poules (parce que les moutons, c’est déjà vu, alors que les poules, c’est d’actualité, tu vas voir). Cet après midi, pris d’une énergie aussi soudaine qu’admirable, je décide d’aller tester tout ça. Enfin, je dis ça comme ça, mais il a fallu y penser, y réfléchir, se décider, penser à un itinéraire, y réfléchir à deux fois, et enfin se décider pour y aller. Rien que ça, j’ai trouvé que c’était un sacré exercice (mais je connais mon médecin, ça lui suffira pas).

    J’ai donc pris mon vélo, clac clac clac, clic clic (oui, les pédales, c’est forcément en dernier) et je suis parti avec un objectif : remonter la Seine (et forcément, au bout d’un moment, la redescendre pour rentrer chez moi, mais j’imagine que tu l’avais deviné, hein).

    Eh ben figure toi une chose dingue : ça c’est bien passé. Pas une altercation avec une moto ou un scooter, ni même un automobiliste, rien. nada.

    Il faut dire que j’ai été bien formé aussi. Entre mon expérience de conducteur et mes stages AFDM, j’ai appris deux ou trois choses. Comme anticiper, ou alors que “il vaut mieux avoir tort et être en vie, qu’avoir raison et être mort“ (en bref, que le code de la route, tu t’en tamponnes un peu les coquillettes, ce qui compte avant tout, c’est ta sécurité - et celle des autres). Et puis j’ai aussi appris à dire merci quand on me laisse passer, pardon quand je gêne, et ça aussi, ça aide à détendre l’atmosphère.

    Parfois j’ai roulé au pas, derrière des piétons, parce qu’on partageait le même trottoir/piste cyclable pendant quelques mètres. Je me suis aussi déporté sur la voie des voitures - horreur, tu te rends compte ! - parce qu’un bus déversait ses touristes. Bref, j’ai roulé, normalement, comme d’habitude. Et ça s’est bien passé.

    Mais en fait, ça n’est pas ça qui m’a frappé sur ce petit trajet. Non, ce qui m’a bien plus fait peur, ce sont les infrastructures que la Mairie de Paris (n’) a (pas) mis en place.

    Je ne te parle même pas des voies cyclables "partagées", ça, Bertrand n’avait rien inventé, il avait juste continué ce qu’avait commencé Jean (Tibéri, tu te souviens, l’homme qui faisait voter les fantômes ?).

    Non, ce qui m’a marqué, ce sont deux choses.

    La plus simple, la plus évidente de prime abord, c’est l’inexistence absolue de signalisation. Sur un trajet de 16km (dont, disons, ⅔ dans Paris), j’ai du rencontrer moins de 5 panneaux de signalisation. Rien pour te dire à quel endroit tu dois tourner pour aller à tel endroit, quel sera le prochain pont que tu pourras prendre pour traverser la Seine, ni même où continue la piste cyclable (Jardin Tino Rossi, par exemple). Quant au meilleur trajet pour aller de la Seine à disons, le Jardin du Luxembourg, l’itinéraire le plus sécurisant, rapide, ou que sais-je, rien, nada, que dalle.
    Pourtant, pour poser des panneaux routiers, pas besoin de grands travaux ni de faire chier le monde, hein. Il suffit juste de les poser, point barre.
    Alors que les feux pour cyclistes, ça, il n’y a pas de problèmes, ils sont là, même quand ils ne servent à rien, quand un simple panneau ‘STOP’ aurait suffit. Ca, pour mettre des règles par tout, on ne manque de rien, mais pour responsabiliser et éduquer, nada, que dalle !

    Mais surtout, ce qui m’a le plus surpris (et pas en bien, tu t’en doutes), c’est l’état des pistes cyclables. Tu vois l’état des rues dans Paris, celui dont tout le monde parle, à tel point que tu as fini par réagir et décréter comme un état d’urgence ? Ben les pistes cyclables, c’est tout pareil.

    Encore, je ne parle pas des pistes “partagées”, mais des pistes sécurisées : les anciennes voies sur berges, et les pistes qui les prolongent côté rive droite, tout comme celles qui se trouvent rive gauche - enfin, elles n’existent que du périphérique à l’Institut de Monde Arabe … -. Des bosses, des trous, des fissures larges comme une main, des passages surélevés pour les voitures (sur les quais rive droite) non signalés, des pavés inégaux, des plaques de ciments qui ne tiennent plus, certaines cassées (Jardin Tino Rossi).
    Non seulement c’est inconfortable - et ce n’est pas en cassant le cul des cyclistes qu’on va leur donner envie de continuer à faire du vélo - mais c’est aussi vaguement dangereux, genre casse-gueule, tu vois ?

    Bref, on me dirait que tu fais tout pour ne pas encourager le vélo à Paris, ça me semblerait assez juste.

    Le plus drôle est que, dans cette petite balade, j’ai pointé le bout de mon nez à Charenton et Ivry, et là, ô miracle, la qualité du revêtement est parfaite, et la signalisation (presque) parfaite.

    Je sais - pour les avoir pratiqué - que la politique d’urbanisme à Paris depuis Denis (Baupin, tu te souviens ? remarque non, vaut mieux pas) en 2001 consiste à monter les gens les uns contre les autres, voitures contre motos ou scooter, motos contre vélos, vélos contre tous ;
    Je sais aussi que de Denis à Christophe, vous buvez du petit lait à entendre ces collectifs de cyclistes qui prétendent faire eux-même les justiciers, et considèrent que nul n’est à sa place en ville que le vélo, ils vous rendent bien service à polariser une situation qui n’en a pourtant pas besoin.

    Mais la vérité, c’est qu’ils ne sont que des (tristes) cache-sexe de ton absence de politique et de ton inaction pour vraiment rendre le vélo agréable - et indispensable - dans Paris. Ce n’est pas en montant les usagers les uns contre les autres qu’on fait avancer la société, ni en faisant des coup de comm’, mais en faisant en sorte que leur cohabitation - nécessaire - se passe dans les meilleures conditions possibles.

    Et là, on est loin du compte.

  • Vos commentaires

    15 mai 2018

  • [web] « Finissez-le, c’est un pédé »

    Pendant la vingtaine de minutes qu’a duré l’agression, personne n’est venu en aide au couple. Ni le bus, arrivé au moment où les coups commençaient à pleuvoir, qui leur a fermé ses portes au nez. Ni le gérant d’une épicerie, qui a mis Jean-Paul dehors alors qu’il tentait de s’y réfugier. Ni les clients d’un restaurant, qui ont presque tous battu en retraite quand l’agresseur leur a lancé : « Finissez-le, c’est un pédé !  »

    Via : Le Monde : plus d’un millier d’actes homophobes enregistrés en 2017

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