Escales
un Mahé 36 en vadrouille
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Cela fait un moment que nous discutons, entre bateaux copains, de l’opportunité de prendre la route du nord, et aller visiter les grenadines, avec la fin de la période cyclonique qui s’annonçait : statistiquement la zone est sûre à partir de la mi octobre.
Début octobre, les pays membres de la zone CARICOM (essentiellement des états caribéens) annonçaient une « bulle sanitaire » entre eux, destinée à favoriser le tourisme avec des procédures d’entrée entre pays facilitées. C’est l’élément déclencheur qui nous a fait prendre notre décision pour commencer notre migration aux alentours du 20 octobre, après quelques jours à St Georges pour refaire nos provisions.
Las, une semaine plus tard à peine, le gouvernement de Saint Vincent et les Grenadines (qui pourtant assure en ce moment la présidence de CARICOM) annonce unilatéralement un durcissement d’entrée pour la « bulle », avec besoin d’arriver avec un test PCR négatif, ou d’en faire un à l’arrivée (et donc une brève quarantaine le temps d’attendre le résultat).
Lundi dernier, nos faisons réaliser à Cariacou notre test, et dès les résultats obtenus jeudi, nous organisons avec l’immigration de Saint Vincent notre arrivée pour le lundi matin, avec une brève escale dimanche soir à Bequia pour la nuit.
Ce matin, nous venions à peine de prendre la route quand nous recevons des services de l’immigration une modification du protocole d’entrée, applicable immédiatement : en plus du test PCR négatif à fournir avant de partir, il nous faudra faire un test à l’arrivée à Saint Vincent, et une quarantaine de 5 jours, avec un nouveau test le 4e jour.
C’est rageant, à un jour près, nous aurions été sous l’ancien protocole, simplifié.
Rageant aussi puisque en plus du test PCR à Grenade (facturé 450 XCD, environ 150€), nous devons en faire deux autres (apparemment 60 USD par personne chacun), prendre une bouée (obligatoire, 20 UCD par nuit), sans compter les habituels frais administratifs d’entrée sur le territoire (environ 75 USD), et l’inévitable « pourboire » du boy-boat local … au final un coup élevé de près de 500 USD !
Mais avons nous réellement le choix ? Le mode de vie que nous avons choisi, celui de nomade de mers, nous amène à bouger, changer de pays. Nous le faisions hier encore avec une grande facilité, au prix de quelques taxes au plus, aujourd’hui notre liberté de mouvement est bien restreinte, limitée aux seuls pays qui autorisent encore les touristes et plaisanciers, et au prix de contraintes bien plus fortes.
Cela risque d’être notre nouvelle normalité pour de nombreux mois encore, il ne reste qu’à espérer que certains ne se mettent pas en tête d’en faire un régime général.
Édit du 26/10 : la règle a encore changé
A notre arrivée ce matin à Young Island, les autorités nous préviennent : « nous n’avons pas encore reçu d’instructions pour le nouveau protocole. Nous nous renseignons, merci de votre patience ».
Trois heures plus tard, le verdict tombe : notre vieux (une semaine) test PCR aura suffi, nous sommes admis à St Vincent, et pouvons donc retirer notre drapeau de quarantaine ! \o/
Voilà plus de trois mois que je suis à Grenade, et l’état-île, depuis ce temps, affiche fièrement l’absence de cas Covid. Tout comme beaucoup de ses voisins (St Vincent, Sté Lucie, La Dominique, Antigua & Barbuda, St Kitt&Nevis), elle commence déjà à se projeter vers une -relative- ouverture des frontières, dans ce qu’on appelle ‘la bulle CARICOM’, les états caribéens ayant peu ou pas de cas.
Pour aller d’une île à une autre, il nous suffit désormais d’un test PCR récent. Point de quarantaine ni de procédure particulière.
Mais voilà. Tout ça, c’était jusqu’à hier.
Un étudiant Grenadien, revenant du Canada, se fait effectuer un prélèvement à son arrivée à l’aéroport, puis part faire sa quarantaine, en attendant le résultat, chez lui. Convaincu qu’il est négatif, il brise cette quarantaine, et va faire la fête dans une soirée. Le lendemain, le résultat arrive : positif.
Toute l’Île ne parle que de ça, et le ressent comme une honte. Honte qu’un local soit à l’origine de la résurgence du virus sur l’île, et qu’il n’ait pas respecté des règles qu’ici, tous respectent peu ou prou.
Dans tous les commerces, nos mains sont désinfectées, et dans les restaurants et bars, la température est prise, nos coordonnées notées pour faciliter le contact tracing. Le masque est obligatoire partout à l’extérieur (et bien sûr dans les commerces et transports), et globalement la mesure est respectée.
Grenade a eu un des confinements les plus durs des Caraïbes : tous les commerces fermés, toute activité extérieure interdite, autorisation de faire les courses une seule fois par semaine. Bien sûr, il n’y a pas “d’Etat providence” ici, ni chômage ni compensation de perte de chiffre d’affaire, la solidarité a donc du s’organiser.
A la fin du confinement, c’est tout un pan de l’économie qui a disparu (le tourisme “de masse”), ne restaient plus que les voiliers venus chercher refuge pendant la saison des ouragans. Maigre consolation : le secteur de la plaisance (marinas et chantiers) est peut être le seul qui ait tenu le coup.
Et juste au moment quand tous les efforts allaient payer, que le gouvernement s’apprête à réouvrir l’aéroport et faire revenir les touristes, un inconscient, même pas un étranger, fait tout capoter.
Les gens ici sont furieux (et moi je suis bien content que ça ne soit pas un plaisancier à l’origine de cette résurgence), parce qu’on ne sait pas encore combien de personnes auront été contaminées par lui au final, ni les implications sur l’ouverture des frontières, ni sur l’appartenance à la fameuse “bulle caricom”.
C’est un drame national.
Me voilà depuis deux jours à Woburn Bay, et je ne l’aime pas. Trop de mangroves, de moustiques et espèces de fourmis volantes, de monde, et de fetch.
L’onde tropicale au dessus des Antilles depuis plus de 24h n’aide pas : temps gris, hallebardes de pluie, tout cela n’aide pas à rendre joli cet endroit.
Ce matin, dans un grain, l’éolienne se déconnecte. J’ai déjà vécu ça une fois, ça veut dire que le vent vient de passer au dessus de 32kt. La baie blanchit, les vaguelettes grossissent, peut être 30 ou 40 centimètres, et ça commence à bien se sentir.
Canal 68, un « security, security » remplace les traditionnels appels de l’un à l’autre : un bateau est à la dérive. Je mets longtemps à le voir, il n’est pourtant pas loin devant moi. Une amarre, dinghy à l’eau, je file rejoindre le seul plaisancier qui essaye d’agir. Le bateau, une vedette moteur de 14m peut être, est visiblement en panne de moteurs. L’ancre pendouille, et le propriétaire, peut être octogénaire, semble dépassé
Nous sommes finalement quatre à intervenir, deux activement, ils savent ce qu’ils font, eux. Nous attachons la vedette derrière le vieux bateau de travail en bois de l’un d’eux (la coque rouge, tout à droite sur la photo). Heureusement que j’avais pris une amarre, qui a servi, je me serais sinon senti totalement inutile, je n’ai ni la connaissance théorique ni l’habitude de ce genre d’interventions.
Je n’ose pas imaginer ce que cette baie doit être lors d’une tempête (voire plus) tropicale. Là, les vents ont à peine effleuré les 40kt, mais déjà l’eau de la baie est agitée, et deux bateaux ont décroché.
Prickly Bay est peut être moins fun, mais je m’y suis plus senti en sécurité en un mois, qu’en deux jours ici. Je ne vais sans doute pas attendre longtemps avant d’y retourner.
Le confinement en Guadeloupe m’avait beaucoup fait re-réfléchir sur la question des animaux à bord, surtout en voyant les bateaux copains confinés avec les leurs (Captain Jack sur Clarity, Nicotine sur Tibor, Mia de Cissampo, notamment). J’avais commencé à regarder la SPA locale, ou encore le refuge de Marie Galante, mais ils ne présentaient essentiellement que des « gros » chiens de type Créole (une non-race de chiens, tellement métissés qu’ils deviennent presque une race à part entière tant ils se ressemblent), ou alors des chiens à poil long. Je voulais éviter les uns pour des facilités de transport en avion, le cas échéant, et les autres pour éviter les pertes de poils, et des nettoyages compliqués. Et puis, de toute façon, le départ vers Grenade et sa quatorzaine approchait, il était idiot d’adopter là.
J’ai pris contact avec le seul refuge de Grenade au début de la quarantaine, ils m’ont tout de suite répondu que « Baby Roo » semblait correspondre à ma recherche, même s’ils ne pouvaient prédire quelle serait sa taille adulte.
Elle avait à peine deux mois, un peu abîmée par son abandon, mais elle correspondait à ma recherche (y compris de « gueule cassée »), j’ai donc pris rendez-vous pour rencontrer l’équipe et répondre au questionnaire.
De questionnaire, il n’y as pas eu : on m’a présenté « Baby Roo », qui m’a tout de suite léché le visage, puis, confortablement calée sur mon bras, s’est endormie. Il n’y avait sans doute pas de meilleur questionnaire, et je ne pouvais rien dire : j’avais été adopté.
Voilà 15 jours maintenant que nous apprenons à nous connaître. J’ai beaucoup de chance, elle n’a aucun souci avec le bateau, ses bruits et ses mouvements, et ne semble pas sujette au mal de mer. Elle fait déjà 99% de ses besoins dehors, ma seule contrainte étant qu’elle n’a pas d’endroit prédéfini, c’est un peu la course à la crotte chaque jour.
Elle a maintenant un joli poil entre le blond et le beige, il ne reste qu’un bout d’oreille qui n’a pas totalement récupéré. Sa patte avant droite, qui partait en oblique, s’est auto-réparée, sans doute Baby Roo avait-elle besoin de marcher, grimper, courir dans le sable, pour se fortifier un peu.
Elle continue à ignorer presque l’intégralité de mes interdictions et de mes ordres, évidemment. Mais elle supporte déjà collier, harnais et laisse, même si clairement elle déteste. Bref, tout est en bonne voie.
Je ne voulais pas garder son nom d’adoption, qui « ne sonne pas bien » en français. Et puis, c’est une référence à la culture anglo-saxonne (Roo est un personnage de la BD pour enfants Winnie the poo).
Après Mousse (bof), j’ai craqué pour (Miss) Prickly, en référence à la baie où je suis mouillé … jusqu’à découvrir la signification argotique de Prickly. Comme m’a dit gentiment une australienne du mouillage, « dear, you just can’t name her that way, it’s too unrespectful ». Ce sera donc GG (Gigi), faute de mieux.
Me voilà donc avec un nouvel équipier, pour le meilleur comme pour le pire.
Vos commentaires
# Le 01/08/20, Bernard et Pascale En réponse à : La bestiole
GG est vraiment adorable !!
Quelle chance elle a eu de croiser ton chemin !! elle ne pouvait sans doute pas trouver mieux...
Elle a déjà adopté le hublot pour tenir la veille !!
# Le 03/08/20, ydikoi En réponse à : La bestiole
Adorable … et un vrai caractère de chien, déjà ! :-)
Et elle a le pied marin (enfin, pas trop, elle est encore très gauche), ni le bruit des moteurs, ni la première nav’ ne l’ont effrayé ! \o/
# Le 31/07/20, RAL3020 En réponse à : La bestiole
Oh, l’évolution en photo de la petit bête est saisissante et tellement belle à voir ! Félicitation pour cette adoption ! ❤️
# Le 31/07/20, ydikoi En réponse à : La bestiole
Oui, entre le traitement, la bouffe et le calme d’un foyer, elle a bien évolué \o/