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    15 juillet 2019

  • [blog] Il fallait bien une première fois

    8h du matin, comme tous les jours, je prends la météo. Grosse dépression sur le golfe de Gênes, qui contourne ensuite la Corse. 43 kt ( 75km/h) annoncé au mouillage à Calvi, j’ai déjà connu pire avec Escales (>50kt, dans un coup d’Est à Marseille). Ca sera inconfortable, mais ça ira.

    Midi, je pars faire un rapide tour en ville. Je rentre au bateau 2h plus tard, déjà le clapot s’est levé, et s’est formé en houle de 1m environ … ça, c’est la méditérannée, et c’est (aussi) pour ça que je ne l’aime pas. Je remonte l’annexe, et me prépare au coup de vent annoncé à partir de 18h.

    16h, le vent commence à monter, et la mer avec. Bientôt ce sont des vagues de 1m50 et je retourne sur le site météo : ils annoncent jusqu’à 2m de creux, dans la baie. Ca va être *vraiment* inconfortable.

    19h30, j’entends un bruit, sec, claquant, et le bateau, d’habitude face aux vagues, se met de travers. Je sors du carré, les vagues font déjà deux bons mètres, le vent souffle fort (>35kt/65kmh), je me précipite à l’avant pour confirmer mon doute : c’est la patte d’oie, le système qui relie la chaîne au bateau, qui a cassé. Net.

    Il faut que je remonte la chaîne pour réparer autant que possible (la remplacer par le cordage le plus solide que je puisse mettre), mais face à la puissance des vagues (qui heureusement, ne déferlent pas), le guindeau [1] ne tient pas, et la chaîne saute.
    A coup de moteurs pour remettre le bateau dans l’axe et donner du mou à la chaîne, j’arrive à remonter jusqu’à la patte d’oie, que j’assure, le temps de la réparation, sur le taquet … qui lui aussi ne supporte pas la charge, et arrache progressivement son support.

    Je remets la chaîne à l’eau, avec sa nouvelle patte d’oie, sans grand espoir : mon cordage est trop fin, je le sais. Moins de cinq minutes plus tard, il cède. Il ne me reste plus qu’à remonter ancre et chaîne, et aller m’amarrer au système de bouées (payantes ;-) mis en place par la ville de Calvi.

    Mais voilà, à re-solliciter le guindeau et le taquet, celui-ci fini par tout arracher sur son passage. Il est bel et bien inutilisable. Et toutes ces tensions inhabituelles ont, par ricochet, mis à mal le davier, la poulie qui guide la chaîne hors du bateau : il menace d’arracher toute une partie du puit de chaîne.
    Donner un coup de moteur, parer la vague qui arrive, courir à l’avant remonter de l’ancre, retourner en courant à la barre pour donner un coup de moteur pour remettre le bateau dans l’axe : tant bien que mal, je finis par remonter l’ancre, dont la verge (on ne rigole pas, svp) est tordue à 90°.

    Faisons le bilan : un taquet d’arraché (pas bien grave), la patte d’oie inutilisable, le davier fragilisé et l’ancre inutilisable : le mouillage est foutu. J’appelle par VHF la capitainerie pour demander une place au port, ou de l’aide pour me mettre sur une bouée. Problème : le port est plein à craquer, et ils ne prennent plus personne sur les bouées : deux ont déjà cédé, et les bateaux (un catamaran et un monocoque) sont déjà drossés à la côte. Les choix se rétrécissent. Drôlement.

    Tout en faisant des aller-retour (au moteur) dans la baie (dans des creux de 2m, toujours et des vents de 70km/h), j’imagine dans un premier temps de continuer jusqu’à 2h du matin, heure annoncée de la fin du coup de vent. Si l’idée n’est pas sotte en soi, la baie étant -malgré tout- protégée, rien ne dit que tout se calmera comme prévu à 2h du matin, et surtout pas la houle, l’élément le plus dangereux.

    La seule option qui reste est de prendre la mer, direction Ajaccio, c’est à dire dans le sens du vent et de la mer (donc la position la plus confortable), avec juste un bout de toile pour rester manœuvrant. La bas, la baie est vraiment protégée, il y a deux vrais ports, je devrais trouver refuge sans problème - et de quoi réparer ces dégâts.

    Mais si j’ai 70km/h de vent ici, alors c’est 80 ou 90 en pleine mer. Si j’ai 2m de creux ici, alors c’est 4 ou 5 en mer, avec la houle spécifique de la méditérannée, courte et souvent croisée. Tout ça reste gérable, ce n’est pas un ouragan, *mais quand même*.

    Je fais demi-tour et vais au port. J’appelle de nouveau la capitainerie, insiste à la radio, pointe un bout de quai apparemment libre, mais trop dangereux pour mettre un bateau. Les garçons de la capitainerie, dans leur zodiac, sont là, serviables et répondent aux inquiétudes. Ils entendent que je n’ai plus de mouillage, que les bouées sont compromises, que le port est plein … mais n’ont pas de solution pour moi. J’ai beau leur dire que la seule solution pour moi est d’aller à Ajaccio, ils n’ont plus de place.

    "Même celle là ?" "Oui, même celle-là : on a fait déplacer un yacht de 40m cet après midi, qui était là". "Et là, j’ai la place, là !" "Non, le vent et la houle tournent cette nuit, c’est un piège à ressac, cet endroit".
    "Et là, on peut non ?" "Ah non, là on peut pas, c’est la station service"
    Ah ? hmmm .… bon, je m’y suis mis quand même, on verra demain matin avec le pompiste ;-)

    PS :
     Aux dires de Paul, le skipper qui m’avait aidé, retrouvé à Calvi ce soir, ce sont des circonstances assez exceptionnelles qu’il n’avait jamais rencontré.
     L’anémomètre a relevé à 19h des rafales à 49kt, et le pic de la tempête n’a été atteint qu’à 23h …
     Les "locaux" rencontrés ce matin m’ont tous confirmé qu’ils n’avaient jamais vu une telle mer, avec un tel vent, à cette période de l’année, "peut être une fois dans les 30 dernières années, et encore".

  • Notes

    [1le treuil qui permet de remonter la chaîne et l’ancre

    Vos commentaires

    • Le 31/07/19, Vincent Gass En réponse à : Il fallait bien une première fois

      C’était chaud, bonne réaction du capitaine.
      La méditerranée c’est une coquine, elle a du caractère c’est une belle école pour la suite.
      20/100
       :-)))))))))

      • Le 01/08/19, ydikoi En réponse à : Il fallait bien une première fois

        C’était chaud, oui 🥵 !
        Mais j’ai été servi par ma précédente expérience en mono, et j’ai tout de suite eu en tête l’excellente recommandation de mon excellent coach : garder son calme, ne pas paniquer 😉

    14 mai 2019

  • [blog] A la dérive

    Enfin ! Avec plus d’un mois de retard, Escales est remis à l’eau, tout est -globalement- fini, y compris les travaux d’urgence, non prévus initialement. Et je peux -enfin !- commencer à envisager la suite.

    Et tout d’abord, reprendre contact avec Paul, le formateur/coach qui m’a accompagné dans la sélection du bateau, pour apprendre les rudiments des manœuvres de port avec un catamaran, et sur pendilles.

    C’est aujourd’hui : première sortie, attendue depuis de si longues semaines. Ca ne sera que dans l’enceinte du port, mais je quitterai ce ponton auquel Escales est attaché. Paul arrive, accompagné de de Vincent, formateur FFV comme lui, mais spécialisé catamarans. Et contre toute attente, il nous fait quitter le port, s’entraîner autour d’un pare-battage laissé dans l’eau, là où il y a de l’espace pour évoluer.

    Manœuvre à un ou deux moteurs, lentement ou plus rapidement, demi-tour lent, sur place, face au vent ou dans le vent, Vincent me fait enchaîner les manœuvres, explique, corrige, et encore on recommence. La méthodologie est excellente, elle est très pro (mon ancien passé de formateur … ;-), et Vincent pédago, cool mais ferme. Le gars sait y faire, et il est bon.

    Nous voilà à quelques centaines de mètres de la jetée du port, à faire des ronds dans l’eau autour d’un boudin glonflable, quand soudain … Vincent, à la barre pour me montrer l’exercice, ne sent plus la barre. Rien. Nada. Babord toute, ou tribord : rien. La barre tourne à vide.

    Ouverture du capot moteur, inspection du secteur de barre : tout va bien de ce côté là. Démontage de l’accès à la barre à roue depuis le carré : le cable est sorti de sa gaine, fait une boucle d’une vingtaine de centimètres, le verdict est sans appel : la dernière chose importante qui pouvait casser vient de le faire, et c’est galère.
    Le bon côté des choses, c’est qu’il vaut mieux que ça casse maintenant, et non quand je serai en pleine mer, loin de tout ; et que ça m’arrive alors que j’ai deux super marins à bord.

    Retour au port à petite vitesse, en jouant des régimes moteur pour se diriger. A peine accosté, je file voir Lud’Eau Service, qui devait intervenir le lendemain matin pour une broutille. Ils acceptent de venir regarder en urgence : la réparation ne sera pas compliquée, tout juste longue, selon le délai pour obtenir la pièce. Un délai de plus. Encore un. Ca n’en finira donc jamais …


    Début d’après midi, le technicien vient démonter, commence dans la cale, au niveau du secteur de barre, et ensuite l’autre extrémité, à la barre à roue. Je l’entends grommeler "Ben … ?!", le regarde, le pousse à développer. "Ben … on va quand même tester un truc" : on replace le bout du cable comme on peut, il fonce dans la cale et m’ordonne de mettre à babord toutes ! tribord toutes ! et ressort, un grand sourire aux lèvres "Bah non, l’est pas cassé le cable, juste sorti de son axe !".

    On regarde ensemble en détail, et c’est vite clair : une vis censée assurer une butée, du jeu dans le pas de vis (conception mal faite, et sous dimensionnée, et usure), et la butée ne fonctionne plus : la gaine, libre, n’a pas tenu la pression, a lâché, et le cable a joué le fou.

    Trois heures plus tard, quelques coups de perceuse et une plus grosse vis / butée plus tard, tout est rentré dans l’ordre.
    Ascenseur émotionnel.

  • Vos commentaires

    • Le 15/05/19, Bernard et Pascale En réponse à : A la dérive

      Bravo !!
      Super, tout est enfin près pour ton périple en Méditerranée !
      Nous souhaitons vivement qu’Escales réponde à toutes tes attentes et qu’il te procure beaucoup de plaisir !
      Bien amicalement
      P et B

    9 février 2019

  • [blog] Escales à … Marseille

    Lundi
    J’arrive au chantier, pour me rendre compte que j’ai oublié les clés du bateau en partant de chez moi !! Heureusement que Bernard avait prévu le coup, et que je sais où trouver un double de secours 😰.
    La météo s’améliore un peu, vent acceptable mardi, toujours le coup de vent mercredi, et dans le pif ces deux jours. Jeudi devrait être plus calme, au portant.

    Mardi
    Arrivé à 8h au chantier pour confirmer - une fois encore - la mise à l’eau, avec un peu de chance ce sera dans la matinée. Préparer le bateau. Foncer à la gare pour récupérer Paul. Au retour, miracle, Escales est déjà sur la grue.
    Mise à l’eau, un rapide tour, tout semble ok. On s’équipe vite fait, on est parti, doucement. Paul découvre le bateau, et moi je ne réalise pas vraiment. Grande rade de Toulon, la mer est calme, petite révision des basiques. On hisse les voiles, direction le large, sans savoir encore si on arrivera à passer le Cap Sicié ou pas.

    Le vent monte progressivement pour s’établir à 20/25 nœuds, il est évidemment de face, tout comme la mer, sinon ça n’aurait pas été drôle.
    A tirer des bords. 40° bâbord amures, 70° tribord amures. Le bateau marche étonnamment bien (pour un catamaran) : il est presque totalement vide, la carène est propre, il faudra voir ce que ça donne un peu chargé, en conditions.
    Le passage dans la mer est vraiment différent, on sent bien qu’il est beaucoup plus sensible à l’angle des vagues qu’un monocoque.
    J’ai encore du mal à trouver mon équilibre, les mouvements là aussi sont très différents du monocoque, plus aléatoires presque. Mais on tient debout, vertical, et rien ne valdingue à l’intérieur, ça change !

    Finalement ça passe : malgré le courant, le cap Sicié est en vue. Il faut maintenant trouver un point de chute pour ce soir, pas question d’être en mer demain (plus de 40 nds prévus, toujours de face). J’hallucine de voir le nombre de ports qui refusent un catamaran !
    Finalement ça sera Cassis, presque faute d’alternative. On y arrive en fin d’après midi, et je découvre - enfin - le système d’amarrage à la méditerranéenne. Quel bordel ! Un vrai truc de barbares !

    Mercredi
    On reste au port, on ne sent pas le coup de vent dehors, juste la houle qui s’éclate sur la jetée du port.

    Jeudi
    Départ tranquille, au portant comme prévu. On assure, un ris dans la grand-voile, au cas où. La mer est toujours là, 1m50 à 2m à vue de nez. Mais plus encore qu’en monocoque, c’est difficile à évaluer : on est positionné beaucoup plus haut.
    Le bateau marche bien, on fera même des petits surfs à 11 nds dans les vagues. Mais aucun ressenti, à part regarder le sillage. Je le savais déjà, mais impossible de se fier à ses impressions : seule compte la vitesse du vent pour adapter la voilure. Une habitude à prendre, j’imagine.

    Arrivée dans la rade de Marseille. Le vent tombe, un peu. Paul en profite pour me faire manœuvrer, enlever un ris, prendre un ris. Empanner, virer bout au vent, je suis (encore plus) lent (que d’habitude), mais je suis content de n’avoir pas trop perdu après ces six ans à terre.

    Me voilà à Marseille. Deux heures pour s’amarrer proprement, je vous ai déjà dit que le système de pendilles était un truc de barbares ? Je sens que je n’irai pas souvent dans un port / ne resterai pas longtemps en Méditerranée 😞
    Je suis là pour un bon moment, le temps de faire les travaux nécessaires, et attendre aussi un peu les beaux jours.

    Je suis décidément très content d’Escales, c’est un bon canote. Sain à la mer, il marche bien et je m’y sens en sécurité. J’ai tout de suite trouvé mes marques, il est confortable, et sa taille, même s’il est petit avec ses 36 pieds, me convient parfaitement. Ne reste plus qu’à le "faire à ma main".

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