Escales
un Mahé 36 en vadrouille
Maintenant on peut dire que la saison a commencé : 90% de chance que la prochaine onde tropicale se transforme en tempête, alors nommée Gonzalo, dont le centre sera Grenade (youpi !) où les Grenadines (léger mieux), avec des vents jusqu’à 65 kt.
Gonzalo vient de passer en catégorie 1 : ce n’est plus une tempête mais un ouragan. Sa trajectoire prévue passe toujours au dessus de Grenade. Tout peut encore changer d’ici samedi (surtout sa trajectoire), mais tout le monde commence déjà à se préparer
Gonzalo s’est finalement - littéralement - dégonflé. Depuis plusieurs dizaines d’heures, les météorologistes que je suis s’étonnaient de le voir essayer de se développer, avec opiniâtreté, dans des conditions hostiles pour lui : il luttait contre des hautes pressions au nord, l’air était trop sec à son pourtour, et les brumes de sable de Sahara encore trop présente. Il n’avait pour lui que la température de l’eau, et une volonté qui forçait presque le respect.
Moins de 24h avant l’arrivée sur les Antilles, il s’est donc dégonflé, se réduisant à une simple dépression, avec beaucoup de pluie. Sans force désormais, il s’est fait cantonner sur son parallèle, n’a pas pu remonter vers le nord, et a touché terre sur Trinidad et Tobago, puis les côtes du Vénézuéla. Pschitt, comme aurait dit l’autre.
Grenade était en état d’alerte pour tempête tropicale, et certainement parce que tous ici gardent en mémoire le terrible ouragan de catégorie 5 de 2004 (le premier en cinquante ans), tout était à l’arrêt : commerces fermés, électricité et eau coupée. Plus rien ne vivait sur l’île, en préparation au pire.
De nombreux bateaux avaient quitté les Grenadines, censées recevoir le centre de la dépression. D’autres, déjà à Grenade, ont fait route vers Trinidad, malgré leur fermeture stricte aux frontières, et leurs menaces de prison pour quiconque tenterait indûment de Lorenzo pour entrer sur leur territoire.
Mais la saison des ouragans a bien commencé : le premier, réel lui, vient de frapper le Texas, un probable deuxième est en approche des Antilles. Il devrait, on l’espère égoïstement, passer au Nord, voire sur le Nord des Antilles.
Le confinement en Guadeloupe m’avait beaucoup fait re-réfléchir sur la question des animaux à bord, surtout en voyant les bateaux copains confinés avec les leurs (Captain Jack sur Clarity, Nicotine sur Tibor, Mia de Cissampo, notamment). J’avais commencé à regarder la SPA locale, ou encore le refuge de Marie Galante, mais ils ne présentaient essentiellement que des « gros » chiens de type Créole (une non-race de chiens, tellement métissés qu’ils deviennent presque une race à part entière tant ils se ressemblent), ou alors des chiens à poil long. Je voulais éviter les uns pour des facilités de transport en avion, le cas échéant, et les autres pour éviter les pertes de poils, et des nettoyages compliqués. Et puis, de toute façon, le départ vers Grenade et sa quatorzaine approchait, il était idiot d’adopter là.
J’ai pris contact avec le seul refuge de Grenade au début de la quarantaine, ils m’ont tout de suite répondu que « Baby Roo » semblait correspondre à ma recherche, même s’ils ne pouvaient prédire quelle serait sa taille adulte.
Elle avait à peine deux mois, un peu abîmée par son abandon, mais elle correspondait à ma recherche (y compris de « gueule cassée »), j’ai donc pris rendez-vous pour rencontrer l’équipe et répondre au questionnaire.
De questionnaire, il n’y as pas eu : on m’a présenté « Baby Roo », qui m’a tout de suite léché le visage, puis, confortablement calée sur mon bras, s’est endormie. Il n’y avait sans doute pas de meilleur questionnaire, et je ne pouvais rien dire : j’avais été adopté.
Voilà 15 jours maintenant que nous apprenons à nous connaître. J’ai beaucoup de chance, elle n’a aucun souci avec le bateau, ses bruits et ses mouvements, et ne semble pas sujette au mal de mer. Elle fait déjà 99% de ses besoins dehors, ma seule contrainte étant qu’elle n’a pas d’endroit prédéfini, c’est un peu la course à la crotte chaque jour.
Elle a maintenant un joli poil entre le blond et le beige, il ne reste qu’un bout d’oreille qui n’a pas totalement récupéré. Sa patte avant droite, qui partait en oblique, s’est auto-réparée, sans doute Baby Roo avait-elle besoin de marcher, grimper, courir dans le sable, pour se fortifier un peu.
Elle continue à ignorer presque l’intégralité de mes interdictions et de mes ordres, évidemment. Mais elle supporte déjà collier, harnais et laisse, même si clairement elle déteste. Bref, tout est en bonne voie.
Je ne voulais pas garder son nom d’adoption, qui « ne sonne pas bien » en français. Et puis, c’est une référence à la culture anglo-saxonne (Roo est un personnage de la BD pour enfants Winnie the poo).
Après Mousse (bof), j’ai craqué pour (Miss) Prickly, en référence à la baie où je suis mouillé … jusqu’à découvrir la signification argotique de Prickly. Comme m’a dit gentiment une australienne du mouillage, « dear, you just can’t name her that way, it’s too unrespectful ». Ce sera donc GG (Gigi), faute de mieux.
Me voilà donc avec un nouvel équipier, pour le meilleur comme pour le pire.
GG est vraiment adorable !!
Quelle chance elle a eu de croiser ton chemin !! elle ne pouvait sans doute pas trouver mieux...
Elle a déjà adopté le hublot pour tenir la veille !!
Oh, l’évolution en photo de la petit bête est saisissante et tellement belle à voir ! Félicitation pour cette adoption ! ❤️
Tabarly, Colas, Autissier, Moitessier... Six grandes voix de marins racontent la voile et l’océan via @franceculture franceculture.fr/societe/tab…
Vos commentaires
# Le 22/07/20, F En réponse à : Maintenant on peut dire que la saison a commencé : 90% de chance que la prochaine onde tropicale se transforme en tempête, alors nommée Gonzalo, dont le centre sera Grenade (youpi !) où les Grenadines (léger mieux), avec des vents jusqu'à 65 kt.
On suit... :-(
Courage au moussaillon...