8 octobre 2019

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    Il n’y a pas de moment idéal dans les 10jours qui viennent pour quitter Gibraltar vers les Canaries alors : go

  • 13 octobre 2019

  • [blog] Courage, fuyons !

    Mardi 8 octobre

    J’ai réservé mes billets d’avion depuis plus d’un mois, les amis et la famille ont les dates. Je croyais avoir le temps, mais je suis à la bourre, coincé à Gibraltar avec un moteur HS (lien), et j’ai beau regarder la météo je ne vois pas de bonne condition pour entamer la traversée : beaucoup de vent d’Est (>25kt) pour quitter Gibraltar dans les prochains jours, et ensuite une dépression qui amène des vents plus forts encore d’Ouest (dans le nez), jusqu’au milieu de la semaine suivante. Impossible d’attendre jusque là, j’arriverais trop tard aux Canaries. Presque sur un coup de tête, voyant trois bateaux quitter la marina pour la traversée, je me décide : ce sera aujourd’hui, maintenant (13h).

    Dans la baie, le vent est faible, 10 kt à peine. J’anticipe le détroit, grand voile à 2 ris, génois pour équilibrer. À la sortie de la baie, on est déjà à 15/17 kt, et tout le long du trajet jusqu’à Tarifa, l’endroit le plus étroit, il ne fera que monter, régulièrement, doucement. Si je n’avais pas été au courant, je me serais sans doute fait surprendre. J’appelle un bateau français avec qui j’avais discuté, ils ont une bonne heure d’avance sur moi, ils m’annoncent des vents de 40kt à Tarifa.

    La mer grossit, avec le vent. Les courants sont encore dans le sens contraire, parfois jusqu’à plus de deux nœuds. Les vaguent déferlent, à ces endroits. Déjà le pilote automatique s’est fait avoir, j’ai empanné « à la sauvage », heureusement dans des conditions encore maniables. Le vent est dans le dos, la mer aussi, le pilote rame et je n’ai pas encore franchi Tarifa, ça promet. Je décide d’affaler ma grand-voile, et de me laisser pousser par le vent. A franchir Tarifa, je vais, à sec de toile, à plus de 4kt (hors courants) !

    Le premier rail est derrière moi, le deuxième encore bien devant. La nuit va tomber, je dois décider si je traverse maintenant, de jour, ou après le deuxième, de nuit. Mais il y a encore beaucoup de trafic, sans compter le traversier, entre l’Afrique et l’Europe, et la mer est encore très forte et désordonnée, et le vent encore régulièrement à plus de 30kt. Je décide d’attendre.

    22h, le vent est plus maniable, et la mer également. Le deuxième rail est passé, je décide de hisser un bout de grand-voile, et traverser le trafic, j’aurai le vent de travers. Je me cale à peu près face au vent, un peu de travers à la mer, défait les sangles de retenue, et me prépare à hisser quand je vois que la drisse est prise dans les haubans. A remonter sur le roof, donner du mou à la drisse, l’agiter par grandes ondulations, en espérant que … oui, elle se décroche. Vite redescendre au poste de barre, pour reprendre le mou avant que ça ne recommence.

    Avant même que mon pied ne touche le pont, j’ai su que ça serait mauvais, que la position n’était pas la bonne. Une milliseconde plus tard, j’avais la confirmation : j’ai hurlé de douleur quand le pied - gauche, heureusement - s’est tordu. Appuyé contre le roof, je me mets à jurer comme un charretier et me maudire : je viens de faire exactement ce qu’il ne fallait pas, confondre vitesse et précipitation.

    Clopin-clopant je rejoins le poste de barre, hisse la voile, toujours avec ses deux ris, mets le cap au sud, et fonce à ma pharmacie prendre un Doliprane. La douleur est intense, mais encore supportable (adrénaline ?), ça ne durera sans doute pas longtemps.

    Il me reste encore à traverser ce putain de rail.

  • Vos commentaires

    • Le 13/10/19, Rouquette En réponse à : Courage, fuyons !

      Ptends soin de toi et enjoy (quand même !).
      Bisous.

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  • 14 octobre 2019

  • [blog] Faire le dos rond

    Mardi, 23h. Il y a des hauts fonds dans le coin, avec cette mer, je préfère les éviter, ça serait pire. J’abats vers l’ouest. Le vent souffle encore en rafales à plus de 30 kt.
    Impossible de dormir. Je dois vérifier que le pilote tient le coup, c’est la première fois qu’il rencontre ces conditions, il faut que j’apprenne à lui faire confiance. Sans compter les courants, qui tendent à me pousser dans cette zone où les fonds remontent rapidement de plus de 500 à moins de 50 mètres.

    Mercredi, 00h30. Le rail est passé, j’ai eu de la chance, tout était clair. Le vent est toujours établi au dessus de 25kt, et ça devrait durer jusqu’à la fin de la nuit. Avec mon RM (voir ici), j’aurais été sous génois ou trinquette seule. Mais pas en cata, alors c’est toujours sous grand voile seule, avec deux ris.

    06h30. Le vent a baissé, comme prévu. Mais je ne fais rien pour l’instant, trop besoin de prendre d’un peu de repos, j’ai du dormir moins d’1h30 cette nuit, entre les alarmes AIS, les alarmes des appels VHF de Tarifa, pour répéter, encore et encore, l’avis de recherche du chalutier marocain perdu depuis deux jours, et mes réveils programmés toutes les 20 min.
    La douleur de la cheville est à la limite du supportable, allongé. Pas question de marcher, sautiller, ou envisager une manœuvre qui ne soit pas essentielle.

    08h30. Le soleil s’est levé, je longe un brouillard côtier. Un cargo me croise, à un mille, je ne peux le voir - son ombre - que lorsqu’il est à ma hauteur. Je décide de faire de l’ouest, à la fois pour m’en éloigner et toucher du soleil (pour les batteries, et le confort), et aussi pour garder le vent, sensé faiblir à l’Est dans la journée.
    Je vais à quatre pattes en pied de mât lâcher mon ris et renvoie de la toile, et déroule le génois.
    Encore beaucoup de cargos, qui quittent ou rejoignent la Méditerranée. Ça bipe dans tous les sens.

    14h00. J’ai bien avancé, entre 4 et 5 kt, mais le vent a fini par s’éteindre. Je roule le génois, mets le moteur. Une demi-heure plus tard, je dois affaler la grand-voile, qui claque trop dans cette mer encore très formée. Impossible d’avoir un appui stable sur un seul pied, je suis à genoux sur le roof pour pouvoir la ferler.

    16h00. Je renvoie la toile, le vent est revenu, 20kt en régulier et 25 en rafales. Je reprends un Doliprane, la douleur devient gérable.

    19h15. La nuit approche, il faut me préparer. Le vent est toujours aussi fort. J’abats, pour réduire le vent apparent et me donner de la marge, et faciliter le passage dans les vagues, qui viennent maintenant de l’arrière, ou presque. Le bateau file toujours, entre 7 et 8kt. Si j’étais correctement toilé, je pense que je toucherais les 9-10kt. Mais même dans ces conditions, je fais des surfs à plus de 12kt. Aucune envie, ni besoin d’aller plus vite. Encore moins de devoir faire une manœuvre.

    21h. Je réduis le génois à un mouchoir de poche, je retrouverai peut être un peu plus de confort à aller moins vite ?
    Tout valdingue dans la cabine pendant la nuit. Le bateau craque, gémit, mais encaisse. Alors que j’ai la mer dans mon trois-quarts arrière, une vague venue de travers explose contre la coque, et fini dans le cockpit.

    Jeudi, 3h00. Le vent a baissé, largement, mais pas la mer. Je suis incapable de faire autre chose que sautiller jusqu’à la table à carte et infléchir légèrement le cap vers l’ouest, pour retrouver un meilleur angle du vent et augmenter ma vitesse.

    4h30. Un cargo de plus de 300m se déroute devant moi, largement. Mon alarme m’avait déjà prévenu de sa présence et je le surveillais. Je remercie le capitaine, qui ne se doute pas du bien qu’il me fait à m’éviter des manœuvres.

    5h00. Le vent devient instable. Je déroule le génois pour retrouver un peu de puissance.
    Je suis HS, encore peu dormi, toujours autant d’alertes VHF, d’alertes anti-collision, et le bateau qui tape, tape …

    8H00. Avec le temps brumeux de la veille, mes batteries n’ont pas pu charger. Deux jours d’utilisation assez intense, et je suis à la limite, à peine au dessus de 12v. Je débranche tout ce qui n’est pas nécessaire, frigo, musique, iridium, etc. J’espère que la journée sera plus ensoleillée. Il vaut mieux : le moteur chargé de recharger les batteries en cas de besoin est justement celui qui est HS.

    Mon inquiétude augmente, avec les nuages de haute altitude que je vois se propager dans le ciel. Verdict ce soir.

  • [tweets]

    “On va regarder, mais tu sais, ça te coûtera beaucoup moins cher d’acheter un moteur neuf que de faire les réparations, à ce que tu me dis.”
    Je ne suis que joie. #not

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