Il est 8h, je suis dans mon bain. Je pétris chacun de mes muscles, lessivé par l’orage qui nous a surpris au passage du col, nous faisant basculer en quelques tours de roue dans la nuit noire, à 3h de l’après midi.
Je masse et détends les muscles de mon cou, qui n’ont toujours pas évacué le stress de ces dernières semaines, et rêve d’un masseur qui comprenne les douleurs du corps mais aussi de la tête.
Mais c’est avec un livre que je me détends aujourd’hui, premier depuis longtemps :
Dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, je suis à bord d’un ferry... Le commandant (un visage rond,très doux, un peu triste) me dit : « j’ai une mauvaise nouvelle pour vous et nous tous : Tabarly a disparu en mer ». Je suis sèché ... Je monte sur le pont, il pleut ... Le commandant et un matelot viennent me voir. Ils me disent :« si vous voulez, on va prier ». Je ne suis pas très à l’aise et, dans le même temps je suis trés touché. ... On est sur l’eau, c’est la nuit ... J’entends la voix du commandant qui prie. J’imagine Eric jeté à l’eau. Et là, il y a quelque chose de paisible qui tombe. Surtout, sentir à ce moment là que je ne suis pas seul à avoir du chagrin. On est trois, sur le pont, dans la nuit noire, tout est noir. Tout d’un coup, j’ai un peu de paix, tout d’un coup, je ne suis pas tout seul ...
Olivier de Kersauzon, Ocean’s songs
Je referme le livre, sors de mon bain. L’orage est passé, c’est le grand beau temps, de nouveau.