L’approche la plus prometteuse consiste à instaurer ce que l’on pourrait appeler un protectionnisme d’interposition : une politique qui dévitaliserait et inverserait les forces de la concurrence fiscale, de l’inégalité et du chaos climatique. Dans cette nouvelle organisation de la mondialisation, les pays importateurs viendraient appliquer leurs lois par-delà leurs frontières afin de surtaxer de façon proportionnée les grandes entreprises sous-imposées à l’étranger et les milliardaires qui les possèdent.
Imaginons par exemple que Tesla ne paie pas d’impôt sur les sociétés ou de taxe carbone aux Etats-Unis, mais réalise 5 % de ses ventes en France. Bercy calculerait ce dont l’entreprise aurait dû s’acquitter outre-Atlantique, si la loi fiscale française s’y appliquait (toutes les informations nécessaires à cette estimation sont disponibles), et il collecterait 5 % de cette somme. De même, la France viendrait se substituer aux Etats-Unis pour taxer Elon Musk à proportion de la part de sa richesse qui peut être attribuée à l’Hexagone (part que l’on peut estimer à 5 % dans la mesure où sa fortune provient pour l’essentiel d’actions Tesla).
Cette approche est « extraterritoriale » par nature, puisque les pays de consommation imposeraient, pour partie, leur norme fiscale aux acteurs étrangers en échange de l’accès à leurs marchés. Mais il est grand temps de penser l’extraterritorialité dans sa dimension positive : (…) comme le moyen le plus efficace d’imposer les standards minimaux nécessaires pour limiter les inégalités et assurer l’habitabilité de la planète.