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[blog] Les petits mensonges de la sécurité routière

mardi 7 juillet 2009

Face aux accusations de pompes à fric des radars automatiques, la sécurité routière avait fort à faire pour rendre les contrôles automatiques de feux rouge acceptables. Et il faut dire qu’initialement, le terrain avait bien été préparé :

  • un double système de prise de vue, avec un appareil photo dans le dos du véhicule, pour constater l’effraction ; et un appareil de face, pour constater qu’il n’y avait pas de raison de franchir le feu rouge (laisser passer un véhicule prioritaire, par exemple)
  • un contrôle humain systématique, induit par cette double prise de vue, et l’assurance que seules les infractions motivées seraient effectivement verbalisées
  • une mesure qui se ferait sur la largeur complète du carrefour, évitant ainsi toute contestation possible de la réalité du franchissement de feu.

Pourtant, les premiers signes de craquellement sont apparus la semaine dernière, quand la sécurité routière a envoyé son dossier de presse aux rédactions, et avec la mise en place du premier radar, à Lyon : le système est très loin d’être aussi juste, et donc incontestable que lors de sa présentation :

  • De deux appareils photos initialement prévus, il n’en reste plus qu’un, qui évidemment ne prend les photos que de dos. Impossible donc de déterminer si le franchissement du feu rouge est dû à une faute, ou au contraire à l’obligation souveraine de laisser passer un véhicule prioritaire.

Pas d’inquiétude, nous dit-on à la sécurité routière : un formulaire de contestation sera bel et bien présent avec l’avis de contravention. Encore heureux, répondront les Don Quichotte, qui pesteront une fois de plus contre l’obligation de devoir consigner (lire payer, racquer) avant de pouvoir émettre la possibilité qu’ils étaient innocents de la faute dont on les accuse !

Pas d’inquiétude ? A voir ! Puisque le système ne prend plus qu’une seule photo, de dos, comment l’automobiliste ou motard pourra-t-il prouver qu’une voiture de police, un convoi officiel, une ambulance, se trouvait derrière lui, le forçant ainsi à passer la ligne de feu pour se ranger sur le côté ? Devra-t-il, avant de bouger son véhicule, sortir de l’habitacle, prendre une photo - horodatée, évidemment - de la rue derrière lui pour avoir une preuve matérielle ?

Pas d’inquiétude pour les motards, quand on sait qu’au feu rouge il faut avoir la première vitesse enclenchée au cas où on voit surgir un véhicule qui aurait oublié de freiner, et ainsi pouvoir dégager du carrefour pour éviter de se faire tamponner ?

  • le contrôle sur la largeur totale du carrefour s’est mué en contrôle sur la ligne de feu. S’il s’agit bien du principe défini dans le code de la route, il reste néanmoins des exceptions qui amènent quelques colères (ah, ces Don Quichottes !) :
  • il arrive … parfois que le feu passe à l’orange au dernier moment, et qu’en une fraction de seconde, sans même réfléchir, on écrase les freins pour s’arrêter, plutôt que passer. On ne contrôle donc plus, à ce moment là, sa distance de freinage de manière précise, et si la ligne de feu est légalement franchie, le véhicule est cependant bien arrêté avant le carrefour, conformément à l’esprit de la loi
  • le système, dans la présentation du dossier de presse comme dans les faits à Lyon, ne prend en compte que la ligne de feu, et présuppose que celle-ci est collée au passage piétons ; mais c’est ignorer que, de plus en plus, dans les grandes villes, des sas pour deux-roues sont mis en place, afin que ceux-ci puissent se retrouver avant les voitures. Le feu est donc légalement brûlé pour eux, puisque l’ensemble du véhicule se retrouve au delà de cette ligne.

Il est une époque, pas si lointaine, où les policiers étaient chargés de faire respecter, aussi, les feux rouges. Mais puisque l’heure est à faire des économies, y compris chez les policiers qu’on ne recrute plus à hauteur des besoins, ce sont des machines qui feront leur travail. Quitte à mal le faire.

Qu’importe. Le système installé coûte moins cher à mettre en place que celui qui avait été promis. Autant de gagné.
Qu’importe. Des emplois seront économisés, et donc de l’argent.
Qu’importe, on connaît le système de contestation des radars automatiques, on sait qu’il est difficile de prouver son innocence. Toujours autant de gagné.

Mais à force de continuellement faire passer des vessies pour des lanternes, la sécurité routière, et sa patronne Michèle Merli, risquent bien un jour de se retrouver dans la position du duc de La Rochefoucauld face au Roi.

Vos commentaires

  • Le 07/07/09, Ydikoi En réponse à : Les petits mensonges de la sécurité routière

    Tu ne peux pas automatiser la reconnaissance de l’infraction : aujourd’hui, dès que la plaque est lue (a priori correctement, mais l’experience a prouvé que la marge d’erreur existe), l’infraction est constatée, et le pv envoyé, sans intervention humaine. La video ne permet pas ça, et oblige l’intervention des policiers de service. Donc le profit est moindre.

    Sans compter que le fond du problème du Contrôle Sanction Automatique (CSA) - le propriétaire du véhicule est considéré par défaut comme coupable, à lui de prouver son innocence - ne change rien avec la video.

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  • Le 07/07/09, Rouge-cerise En réponse à : Les petits mensonges de la sécurité routière

    Ce que je ne parviens pas à comprendre, c’est pourquoi le système n’utilise pas la video. Un flash pour prendre un cliché précis et rendre la plaque assurément lisible, et 15 ou 30 secondes de video ensuite pour s’assurer que le véhicule est bien passé (et pas arrêté de justesse) ou n’a pas laissé passer un véhicule prioritaire. Ca pourrait être automatisé de la même manière, et il n’y a plus tellement de source d’abus possible.

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