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[blog] Un si bon papa

dimanche 7 mars 2010

C’était … il y a bien bien longtemps, je venais de quitter le primaire, et donc la classe communale. Pas question pour moi, comme pour mes frères et sœur, d’aller au collège du chef lieu de canton, de mauvaise réputation : mes parents nous ont mis à l’internat, à 40km de là. Sortie du cocon familial, découverte d’un nouveau monde, la ville, le dortoir à 50 en préfabriqué et sans chauffage, la douche une fois par semaine … et les copains.

Il n’y en a pas eu beaucoup, mais quelques uns avec lesquels s’est nouée une amitié forte, qui perdure encore dans un ou deux cas. Juju en faisait partie, copain d’abord de Tudikoi, mais par notre proximité d’âge, nous nous le "partagions" parfois. Et puis, il y a eu ce week-end chez lui. Une petite maison de banlieue, qui nous paraissait pauvre, un petit jardin minable pour nous habitués au grands espaces de prés et de forêts. Mais, pour compenser et rester dans notre souvenir commun encore aujourd’hui, un week-end complet à jouer avec son père, au foot notamment.

Jouer avec son père !! Vous ne vous rendez peut être pas compte, mais à nos yeux d’enfants émerveillés, peu nous importait la maison, le jardin, la banlieue : nous brûlions d’envie, de jalousie peut être aussi à l’égard de Juju qui avait son père pour jouer avec lui. Certes, il avait un emploi modeste, c’était un ingénieur, à la vie réglée comme sur du papier millimétré, avec des horaires de fonctionnaire, pensez-vous. Mais il avait son père pour jouer avec lui, lui !

Et puis son père, il fallait le voir : il était grand, très grand. Et mince, sportif. Tout le contraire de Papadikoi en somme, lui qu’on ne voyait jamais, trop occupé à gérer ses affaires ; lui que je n’ai jamais connu qu’avec une bedaine imposante, et que seul un vague souvenir m’indiquait qu’à une époque, lointaine, il avait joué (un peu) au tennis. Non, rien à voir vraiment : le père de Juju jouait avec ses enfants, et il était disponible, mince, et sportif.

Ce soir là, en rentrant à la maison, nos yeux crépitaient encore de cette après midi merveilleuse, à tel point que Tudikoi fini par lâcher cette terrible phrase “lui c’est vraiment un bon papa”, que Papadikoi continue, encore aujourd’hui, à nous rappeler avec une grosse émotion.

Cet après midi, le radiateur électrique de ElleDikoi sur le dos, je revenais chez moi d’un pas vif. Au coin de la rue, j’observe du coin de l’œil ce couple de septuagénaire, elle pomponnée, mais lui surtout, grand sec, le visage à peine marqué par les âges, superbe. J’ai un instant de doute, autant elle ne me dit rien, autant lui … c’est bien lui, le père de Juju.

Un homme qui n’avait pas un emploi si banal que ça, ingénieur peut être, mais dans une très haute technologie, brillant, au point d’être encore, à l’heure de la retraite, une des sommités de son domaine. Un homme discret, aux horaires de fonctionnaire peut être, mais aujourd’hui big boss dans sa filière.

Mais surtout, près de trente ans plus tard, c’est toujours le même : aussi grand, et droit comme un “i”, une classe énorme, un chic fou, un mec, un beau, un vrai. Sauf qu’il a vieilli, et ça le rend encore plus beau.

Vos commentaires

  • Le 09/03/10, Ydikoi En réponse à : Un si bon papa

    @antoine : pourtant celle qui tapisse ton blog a l’air bien verte, beaucoup plus que jaune !

    répondre ︎⏎

  • Le 09/03/10, Antoine En réponse à : Un si bon papa

    l’herbe est toujours plus verte chez les autres...

    Chez moi ? elle est bien jaune, bien sûr ! (je ne dirai pas sèche, ça serait exagérer)

    répondre ︎⏎

  • Le 08/03/10, Ydikoi En réponse à : Un si bon papa

    Papadikoi l’a encore en travers de la gorge, et même si le temps aurait pu/du faire son temps, ça se comprend, oui.
    Quant à Juju, j’imagine qu’il aura trouvé plein d’autres défauts à son propre père :-) ou pas !

    répondre ︎⏎

  • Le 07/03/10 En réponse à : Un si bon papa

    J’imagine à quel point ton père a du apprécié amèrement cette phrase sur cet autre Papa.

    J’en ai longtemps voulu à mon père de n’avoir jamais cherché à partager des moments de complicité avec mon frère et moi. Il consacrait toujours son temps à d’autres occupations, autres que professionnel.

    Aujourd’hui je me dis qu’il a fait comme il pouvait, comme il y arrivait. je me dis juste que c’est dommage.

    J’espère que Juju sait la chance qu’il a eu

    répondre ︎⏎

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