Par tradition, le premier billet de l’année - ou dernier de la précédente - comporte une belle image, et des mots doux. Dont acte. Qu’ils vous soient bien doux, ces mois à venir.
ydikoi
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Par tradition, le premier billet de l’année - ou dernier de la précédente - comporte une belle image, et des mots doux. Dont acte. Qu’ils vous soient bien doux, ces mois à venir.
Chaque année, c’est le même rituel, la même question qui revient : “et toi Ydikoi, tu as fait ta liste ?”. Cette seule phrase me hérisse le poil (que j’ai rare, pourtant), tellement elle symbolise ce que je déteste dans cette période, progressivement passée dans notre famille tout du moins, de la fête à une sorte d’obligation de faire la fête.
Il y a une époque, pas si lointaine, où nous avions pour règle de répartir nos cadeaux, chacun ne donnant qu’à un seul membre de la famille. Outre l’aspect financier, non négligeable, cela obligeait également chacun de nous à faire un effort conséquent pour que ce cadeau unique soit non seulement beau, mais également très plaisant pour son récipiendaire. Mais le fait de n’avoir qu’un seul cadeau à faire laissait le temps, et la disponibilité, pour chercher ce présent qui ferait réellement plaisir. L’important n’était pas le cadeau, mais la fête, ensemble, tous ensemble, et le plaisir de faire plaisir. Chacun des cadeaux que je recevais, beau ou non, inutile ou pratique, personnalisé ou pas, contenait une part intime de celui qui me l’avait donné. C’était un bout de lui, un bout de notre relation.
Mais voilà. Les habitudes changent. Fini le cadeau unique, voici venu le temps de "la liste", ce supermarché des envies où nous n’avons plus qu’à piocher pour s’assurer de faire mouche. Foin de notre connaissance intime de l’autre, foin de la surprise, foin de l’investissement personnel : il suffit maintenant de se balader dans les rayons, regarder les prix, choisir l’article, ou ceux, que l’on peut supporter. Société mercantiliste, jusque dans le don.
Au supermarché des envies, je me suis toujours baladé l’air absent, poussant mon caddie avec désœuvrement, sauf pour les enfants, pour qui le cadeau compte tout autant - voire plus - que l’intention qui le porte. Pour les adultes, mes frères et sœurs, mes parents, je me suis toujours affranchi de leurs envies, pour trouver, autant que possible, quelque chose qui non seulement leur fasse plaisir, mais aussi, et surtout, me corresponde, un cadeau dont je pourrais être fier, d’avoir eu l’idée, et l’envie, et le plaisir, de donner. Et quand on me demandait ma liste, j’avais pour habitude de répondre de manière évasive.
Cette année pourtant, quand Mamandikoi a entonné sa demande annuelle, j’ai répondu du tac au tac.
Je me trimballe depuis près de vingt ans maintenant avec le même portefeuille que je traîne depuis mon dernier séjour aux US. Je l’avais dégotté dans un repaire de cow-boys, loin des circuits touristiques, au fin fond de l’illinois (ou était-ce l’indiana ? je ne sais plus) le plus profond. Du costaud, du massif, qui aura bien vécu. Mais voilà, même la vache la moins génétiquement modifiée n’a pas le cuir assez épais pour supporter mon foutoir ambulant : depuis quelques années, le cuir se tanne, les coutures faiblissent, le plastique sèche et craquelle.
J’avais repéré il y a quelques années, dans une boutique anodine de mon quartier, un portefeuille qui combinait plusieurs avantages : même taille, joli cuir, et une marque (tout aussi anodine) de fabrication française, et de qualité, qui laissait présager une durée de vie certaine. Et je m’étais dit qu’un jour, j’en aurais un, malgré son prix (car oui, la boutique peut être anodine, ça n’en est pas moins une boutique qui reste luxueuse).
Tout ça m’est revenu en une demi seconde, à l’instant même où MamanDikoi finissait de prononcer sa ritournelle. Et puisqu’elle voulait une idée, elle allait en avoir une, même à un prix indécent. L’après midi même, je lui envoyais par mail les deux exemplaires que j’avais repéré sur le site de cette anodine boutique, prêt à voir jusqu’où irait cette absurdité.
Je n’ai pas tout de suite remarqué le paquet, posé sur le fauteuil, au milieu des trois ceinturons, de la bédé (je ne vous la recommande pas), un petit carton d’un marron très chic, forcément, rehaussé d’un ruban vert pastel. Je l’ai ouvert, sachant évidemment son contenu, et ai remercié Mamandikoi, bien sûr, j’étais sincèrement content de ce cadeau, hors de prix, absurde, mais beau cadeau, et utile. “Vraiment, quand je l’ai vu, je n’ai pas compris ce que tu lui trouvais, il n’a vraiment rien d’exceptionnel. Mais enfin, si ça te fait plaisir …”
Mais voilà. Alors qu’elle avait toutes les cartes en main, Mamandikoi ne m’a pas offert l’un des modèles que je désirais. Un porte-carte plus qu’un porte-feuille, pour lequel je n’avais pas vraiment d’utilité. Gêné, je lui demande si elle voit une quelconque objection à ce que je change l’objet. Aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, je suis donc allé échanger un cadeau de Noël, qui plaisait tellement peu à son auteur qu’elle avait commis un bel acte manqué.
J’aime de moins en moins Noël, décidemment. Mais au moins, j’ai un beau porte-feuille, maintenant.
C’est marrant, moi aussi, mon portefeuille, acheté dans une boutique prestigieuse (Printemps Nation), a plus de vingt ans : un modèle en plastique et tissu synthétique fermé par un velcro et fabriqué à Taïwan (ou à Hong Kong, ou peut-être même en Corée. Non, en 1988, la Chine, on ne savait pas ou c’était). Et ma foi, il est presque comme neuf et il me servira encore de nombreuse années.
Et mes meilleurs voeux, hein.
Bon, j’admets que la transition a peut être été un peu brutale :-))
Non, je n’ai pas hiberné, ni boudé. Il y a juste des choses que je n’ai pas envie de dire pour l’instant, et d’autres que je ne suis pas forcément prêt à dire, comme par exemple : est-ce que je pars ?
A priori, oui. Je sais que je partirai, et bientôt. Mais, outre la préparation spécifique à un tel voyage, il y a d’autres choses à caler … et justement, certaines ne le sont pas encore, et de loin.
Alors avec tout ça, je n’ai pas forcément grand chose à dire, ni de belles transitions à faire. Désolé, hein ;-)
Ouaip, chuis d’accord avec Twiga ! T’as fait quoi entre les 2 ? T’as hiberné ?
Pour les cadeaux, je suis d’accord avec toi, les listes, c’est nul : cette année, ma belle sœur m’en a donné une pour ma nièce de 7 ans et mon neveu de 2 ans et alors que je me faisais une joie de leur offrir de l’inédit, de l’original, du jouet en bois d’arbre ou du « à-faire-soi-même-pour-stimuler-l’imagination » ben non ! Je me suis retrouvée à Cora avec dans mon caddie un (énorme) carton contenant le parfait petit établi en plastique chinois pour petit garçon qui bricole et un autre machin en plastique rose transparent avec dedans Barbie papillon (ben voui, Barbie ne se contente pas d’être belle et parfaite, elle peut aussi se transformer en papillon !) pour petite fille qui rêvera d’être mannequin anorexique d’ici quelques années...
Bref. On dirait que ça leur a fait plaisir à eux si à moi non. C’est le principal, hein ?
Bien contente de te voir bientôt, sinon, et c’est marrant, c’était sur ma liste ! En tête de liste, même ! ;o))))
Quand on part en mer, on ne part pas pour le confort. Sauf à avoir un mega top super yacht (et se délester d’autant de millions d’euros), la surface habitable d’un voilier de 12/13 mètres ne doit pas dépasser les 30m2, avec un minimum de deux cabines, un carré (salon), une cuisine et une salle de bain … c’est dire si l’espace est compté.
Les cabines font la taille de la couchette (double), plus 1 mètre carré pour pouvoir se lever en sortant de son lit ; la cuisine est une kitchenette, parfois en U, ou alors allongée, avec - royalement - un petit évier, un frigo (la porte est verticale, comme un puit) et un combiné réchaud - deux feux - four ; le carré est composé de deux banquettes, pouvant tenir 3 personnes, autour d’une table repliable ; et le cabinet de toilette contient un WC, de petite taille, et un lavabo.
Rien ne m’a jamais fait peur, à l’idée de passer une ou deux semaines sur un bateau, ni l’humidité, ni le manque d’espace, ni les coins et recoins partout, sauf l’utilisation des WC. Il faut dire qu’ils sont un peu particulier sur un navire, et qu’ils n’ont pas grand chose de commun à ceux qu’on peut avoir chez soi.
D’abord, la taille de la lunette doit bien être inférieure de 20% à celle des modèles "habitation".
Ensuite, le trou d’évacuation est riquiquimini, peut être 3,5 ou 4 cm de diamètre.
Et enfin, pas de chasse d’eau, une manette (sur la photo, à droite) à deux positions : une pour faire rentrer de l’eau de mer, l’autre pour évacuer tout ça.
Et qui dit petit, pompe, marin, joints, dit fragile, forcément. Fragile parce que parfois un joint casse, provoquant une fuite d’eau - chiant, mais ça se gère -, et fragile aussi parce que, parfois, ça se bouche. Et dans ce dernier cas, la règle que j’ai toujours entendue est facile : “c’est celui qui bouche, qui débouche”.
Quand nous sommes partis des Sables d’Olonnes, je n’y ai pas pensé. D’abord, il fallait se faire au bateau, et à Zeboss, et à la mer. Et comme nous n’avions ni l’un ni l’autre très faim, nous n’avons pas beaucoup mangé. Deux jours après le départ, c’était Gijon, et ses sanitaires. Puis Ribadeo, encore des sanitaires. Je n’ai, pendant cette première partie, pas vraiment eu le temps d’avoir envie d’aller faire ma grosse commission.
Mais au passage du Cap Finistère, alors que je savais qu’il nous restait 36h de navigation pour arriver à Porto - si nous nous y arrêtions -, l’envie m’a prise en début d’après midi. La mer était forte, le vent aussi, l’allure inconfortable … j’ai fait inconsciemment la sourde (oui, celle de gauche) oreille.
Mais le soir, au mouillage, dans la petite crique, je me suis malgré tout rendu à l’évidence : je n’allais pas pouvoir me retenir très longtemps, il allait bien falloir que je me jette à l’eau. Heureusement, nous étions à l’arrêt, le bateau stable, et plat.
Il faut imaginer la situation : je suis assis dans un local de 2m2 à peine, sur une cuvette où mon petit cul postérieur déborde largement (où c’est l’impression que j’en ai, en tout cas), les genoux qui buttent contre la porte, retenant ma respiration à l’idée de faire un trop gros étron, et de toute façon bloqué parce que Zeboss se trouve à moins de deux mètres de moi, séparé seulement par une cloison aussi épaisse et isolante qu’une feuille de papier.
Bref, je n’étais pas fier.
Et puis, en moins de dix secondes, l’affaire est dans le sac. Je ne suis pas rassuré pour autant, je sais ce que j’ai ressenti, reste le plus délicat : l’évacuation hors bord. Je contemple d’un air vaguement effaré le résultat de ma concentration, et je comprends enfin toute la saveur de cette citation de la Bible : “il est plus facile pour un chameau de passer par le chas d’une aiguille que pour un riche d’entrer au royaume des cieux”.
Et donc, je pompe. J’ouvre la vanne, l’eau rentre, je pompe et je pompe. Je ferme la vanne, je repompe, une fois, rien ne bouge, deux fois, ça bloque, pas dans l’axe. Il commence à faire chaud dans les toilettes.
Je rebascule la vanne, je continue à pomper, l’eau rentre, j’en mets une bonne quantité cette fois. Je referme, et repompe, repompe. Ca hésite, ça va mais revient, et puis finalement disparaît dans ce petit bout de tuyau. Je m’empresse de refaire le processus complet une fois encore, on ne sais jamais, et une autre fois pour le doute : ça va, enfin, on dirait.
Je me relève, un petit sourire sur les lèvres. Non, ce ne sont même pas des chiottes pour nain qui m’auront eu.
(mais quand même … l’appréhension était bien là à chaque fois, et restera sans doute longtemps)
Ah ah ! Et au moins, si tu es là pour en parler, c’est que tu n’as pas oublié de refermer la vanne-par-laquelle-sinon-le-bateau-peut-se-remplir ! Enfin, je constate que tu maîtrises également l’artde la parabole, avec cette citation de la Bible (il ne me serait jamais venu à l’idée de penser à cela en de telles circonstances).
Désolé pour cette observation tardive, mais bienveillante.
Amicalement.
Al.
(lire la fiche wikipedia)
Ribadeo est une petite ville à une journée de voile de Gijon, à mi-chemin de la Corogne.
Beaucoup de batiments anciens (notamment XVIIIe - 5e photo - ou XIXe siècle), mais dans un état pitoyable. Beaucoup d’immeubles à l’état d’abandon, et tous les vingt mètres, une maison, un étage, ou un appartement à vendre. On sent la crise, la ville est pauvre.
Quelques photos, qui figureront, ou pas, dans mon flickr, mais qui permettent de regrouper en un seul endroit des instantanés de cette côte des Asturies qu’on appelle parfois la petite Bretagne.
Superbe, allez vous balader dans le coin si vous ne savez pas quoi faire de vos prochaines vacances !
Vos commentaires
# Le 04/01/10, Cesco En réponse à : le premier de l’année
merci, à toi aussi, ça nous a fait trés plaisir de t’avoir parmi nous ;-)
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